A l’instar de Comme un aimant, Freestyle est un pur produit du terroir marseillais, contrée dont le rap local, comme l’OM, a fini par devenir l’un des plus forts symboles. Mais, alors que le film de Kamel Saleh et Akhénaton jouait la carte de la fiction avec un récit fortement influencé par les polars américains, Freestyle opte pour un style naturaliste à la lisière du documentaire. Interprété par des personnalités du rap made in Marseille comme Faf La Rage ou Dj Rebel, Freestyle a pourtant recours à une fiction « prétexte » pour entrer de plain-pied dans cet univers où le Hip-hop est comme nulle part ailleurs intrinsèquement lié à la ville. On y suit ainsi les mésaventures de la Guest Clique, collectif de rappeurs surdoués dont l’un des membres, K. Rhyme Le Roi, fricote avec la pègre locale. Harcelé par un homme en BMW au moment où il veut décrocher, K. Rhyme se fait de plus en plus rare aux répètes. C’est alors que la Guest Clique décide de venir en aide à son ami.
Hésitant souvent entre prise de vue réelle et re-création d’une certaine réalité, le film de Caroline Chomienne possède en quelque sorte les défauts de ses qualités. En adéquation avec le « free style » de son titre, la cinéaste semble ne s’être imposée aucune limite, s’autorisant ça et là des regards caméra, l’interpellation directe du spectateur par les héros, l’intervention du personnage dans le cours du récit et même, un détour par la comédie musicale lors d’une scène de « break » particulièrement réussie. C’est ce qui fait le charme de Freestyle, film transgenres qui tente de coller au plus près de son sujet par une réalisation libre voire désinvolte. Mais c’est aussi ce qui tire parfois cette oeuvre vers le bas, quand la conduite du récit est tellement lâche qu’elle frôle l’amateurisme. On pardonnera toutefois facilement ces baisses de régime à un film qui ose sortir des sentiers battus du jeune cinéma français et qui, surtout, ne ressemble à aucun autre.