En produisant le remake de Massacre à la tronçonneuse quelques mois après le 11-Septembre, Michael Bay donnait le ton du cinéma d’horreur des années 2000 : reprise au sérieux du gore, après dix ans de cynisme nineties, ambition de surpasser les grands classiques du genre, liftés à la chaîne quasiment dans l’ordre chronologique. Il était donc logique de remonter jusqu’en 1984 et Les Griffes de la nuit. Ce qui ne veut pas dire que le nouveau Freddy ressuscite l’imagerie coloré l’esthétique cartoonesque du film de Wes Craven. Même le mythique Robert Englund reste bien au chaud au pôle emploi d’Hollywood, remplacé par le dénommé Jackie Earle Haley. Presque vingt ans de moins que Robert, qui ne l’empêche pas d’avoir une grinta de pépouze bon pour la retraite.
Que reste-t-il alors du premier exercice ? Le récit, peu ou prou le même : une bande de djeuns succombe aux lames de Freddy pendant leur sommeil. Quelques images copiées-collées içi et là : le gant de Kruger qui émerge entre les deux cuisses de Nancy dans son bain, un équarrissage aérien, bons gros clins d’œil dont la puissance tient moins dans la mimésis que pour ce qu’elles produisent concrètement, en comparaison des « nouvelles » séquences, d’une pauvreté crasse. Le vide intersidéral qui minait sournoisement les remakes Michael Bay, éclate ici au grand jour : au-delà du simple plaisir de rejouer le mythe, rien, niet, nada, pas la queue d’une idée, d’un mouvement d’ensemble, encore moins d’une alternative. Si, un truc peut être, inhérent à la bay’s touch consistant à prendre le mythe au sérieux, c’est à dire au pied de la lettre. La pédophilie de Freddy par exemple, autrefois suggéré, aujourd’hui officielle. Le film montre sa cache, ses séries de photos et même le châtiment que lui imposèrent les parents de Elm Street. Du coup, il n’est plus vraiment satyre grimaçant et pervers (l’acteur est trop mou de toute façon), mais victime du système, croquemitaine triste et solitaire. Cela aurait sans doute pu valoir un film, mais pas celui-là.