Z est une fourmi ouvrière plus intéressée par son mal-être que par son aliénant travail consistant à creuser un gigantesque tunnel. C’est en rencontrant par inadvertance la jolie princesse Bala qu’elle va enfin trouver un but à sa misérable existence de sextipéde (que l’on appelle plus communément insectes). C’est à partir de ce personnage décalé que se construit l’intrigue de Fourmiz dont toute l’originalité (outre le fait d’avoir été entièrement conçu en image de synthèse) réside dans le fait d’assimiler la société des dites fourmis à la nôtre, et d’appuyer ce concept en employant un casting à faire baver n’importe quel réalisateur américain normalement constitué (mais vous savez qu’ici, nous n’apprécions que les difformes).
Ainsi, si la surprise est de taille dans les premières minutes du film, il faut bien admettre que passée la deuxième bobine on attend avec impatience ce que Fourmiz à d’autre à nous proposer. En fait, pour ne rien vous cacher je n’attendais absolument plus rien. Mais c’était sans compter avec les scénaristes particulièrement provocants de Fourmiz qui loin de terminer proprement leur film, y injectent une dimension politique sous la forme d’une violente critique du stalinisme fourmilier régnant dans la société où évolue Z. Nouvelle surprise donc : de la propagande dans un film enfantin, on n’avait pas vu cela depuis la fin de la Guerre Froide. A croire que les Américains n’arrivent pas à dépasser la peur du péril rouge. Après ce passage drolatique (« give Z a chance »), on pense pouvoir tranquillement se rendormir sur les confortables fauteuils simili-skaï de la pantagruélique salle. Et ce serait une grossière erreur car là arrive la colossale surprise du film. La morale de Fourmiz, même si elle reste dans les limites du sempiternel politiquement correct, nuance un propos que l’on pensait déjà établi comme la seule conduite acceptable de la fourmilière (le communisme nie l’individu et ainsi le limite à sa seule fonction). Ainsi, à la fin, c’est bien la cohésion et le groupe qui arrivent à éviter la catastrophe, Z n’étant qu’un catalyseur tel un Che Guevara insectoïde. Fourmiz reste une excellente surprise de la part du plus jeune et prolifique studio américain actuel, Dreamworks, qui rehausse (mais il en faudrait encore un peu pour parler de grands films) la qualité du cinéma américain à gros budget.
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