La technologie la plus sophistiquée au service de l’expérimental : difficile à croire, mais Final fantasy, c’est presque ça. Vaguement inspiré de l’univers du jeu éponyme (qui en est à son dixième volet sur console), ce long métrage intégralement réalisé en numérique feint d’abord tous les symptômes de l’anticipation lambda. En 2065, la Terre ressemble à un vaste champ de bataille entre fantômes extra-terrestres et survivants de l’espèce humaine. Chez ces derniers, les antagonismes font rage, avec, d’un côté, les militaires belliqueux et leurs armes qui menacent l’équilibre de la planète ; de l’autre, une poignée d’écolos nouveau genre en quête d’une onde spirituelle capable à elle seule de terrasser les spectres. Une entreprise complexe menée tambour battant par Aki, jeune femme intrépide contaminée par les fluides ennemis.
Ce synopsis fait quasiment office de scénario, tant celui-ci est réduit à peau de chagrin par des auteurs davantage accros à la perfection visuelle qu’à l’originalité de leur récit. Et on ne s’en plaindra pas. Si l’on devait définir Final fantasy, on le comparerait volontiers à l’Aliens de James Cameron (dégommage de monstres en série), version dilatée. Tout, ici, est en effet d’une lenteur extrême en partie due à l’étrange fluidité virtuelle des personnages, beautiful people brillamment passés par le filtre de l’ordinateur, parfaits jusque dans leurs imperfections (barbes de trois jours, petits problèmes cutanés…). Déroulement laborieux, rebondissements attendus, héros un peu fades : rien n’est mis en œuvre pour favoriser l’efficacité (et encore moins l’identification), comme si Sakaguchi et ses compères souhaitaient que ses spectateurs se concentrent sur le bon goût des concepteurs et les miracles accomplis par leurs logiciels. Fort heureusement, le résultat leur donne raison, et, question plastique, Final fantasy en remontre à Shrek et autres Toy story. Face à l’ennui que provoque une histoire aux fâcheux airs de déjà-vu, l’on se repaît de paysages oniriques, d’explosions magnifiques et de reflets improbables. Au lieu de céder bêtement à un copier / coller du réel sur support numérique, le film déplace la science-fiction vers des espaces inédits alors que les aventures proposées demeurent bêtement primitives. L’osmose entre romanesque et beauté futuristes n’est pas pour aujourd’hui, mais elle ne saurait tarder…