Est-on vraiment là pour rire ? C’est la question qu’on se pose tout au long de ce Filles perdues, cheveux gras, comédie musicale a priori super fun (le générique est bourré de couleurs fluos) mais dont la pseudo-drôlerie se délite rapidement pour aboutir cahin-caha à un patchwork balourd, l’humeur changeante au gré des séquences, mi-film gadget mi-drame de la misère (sociale, sentimentale, intellectuelle, tout ce qu’on voudra). De ce télescopage entre deux tempos bien précis, Claude Duty ne tire pas grand-chose, se cherche sans se trouver et tente vainement d’alpaguer son spectateur au détour d’intermèdes chantés des plus hasardeux. Les actrices n’y sont pour rien, elles font ce qu’elles peuvent pour porter leurs personnages, trois pauvres filles au bout du rouleau, même pas le Q.I. d’un BTS stylisme, Elodie, Marianne, Natacha, des prénoms de cloches on vous dit, respectivement à la recherche d’une enfant, d’une âme et d’un chat. Et comme l’union fait la force, les lamento solitaires se muent bientôt en un trio de singing tasspés que même la Star Acad’ aurait refoulé vite fait.
Ca se voudrait original, ça part souvent en vrille -lors de quelques bouffées vaguement surréalistes-, et c’est constamment laid, creux, idiot. Des personnages bizarres en veux-tu en voilà, des décors de sitcom, une image pourrie et, au milieu de tout ça, nos trois ectoplasmes qui fredonnent inlassablement les mêmes litanies, amour et solitude en tête de gondole, ambiance Corinne Charby / Viktor Lazlo pour fin de boum pathétique, la nostalgie 80’s en moins. Si Filles perdues, cheveux gras évoque quelque chose, c’est bien l’esprit Canal + dernière période (Marina Foïs, des Robins des Bois, n’est pas là par hasard) : les intentions floues, les gags à peine écrits, un penchant pour l’absurde efficace une fois sur dix, et une espèce d’orgueil insupportable à déballer cet inventaire du rien, l’horreur du criard qui parle dans le vide. Heureusement, on a zappé depuis longtemps.