De France en 2007, le polar made in Hong-kong se trouve réduit à la seule activité de Johnnie To, dernier dinosaure de l’âge d’or des années 80 à tourner confortablement dans la péninsule. Produit par ses soins et signé de son plus fidèle scénariste, Filatures pose le constat de ce leadership décati mais bien réel : des acteurs (toujours les mêmes) à la manière de jouer des effets de manches et de symétrie, il convient surtout de restituer un modèle dans ses moindres détails plutôt qu’inviter à l’exotisme. Version flicarde et condensée des deux Election, le film ne travaille rien d’autre que l’idée de transmission et d’apprentissage. Métaphore limpide, quasi triviale du concept, via le scénario : une jeune fliquette motivée intègre la section filatures de la police, prise sous l’aile d’un patron qui lui enseigne toutes les ficelles du métier pendant qu’un redoutable gang de braqueurs lui offre son lot de travaux pratiques.
L’ouverture où le prof et l’élève jouent à cache-cache dans un écheveau de ligne de bus et de ruelles bondées, indique le tempo général, à la manière d’une fiche signalétique. La séquence se conclut dans un fast food avec tombée des masques, chambrage et petit test de mémoire à la clé. Lequel, d’une précision cartoonesque, achève de détourer les contours du film à venir : réaliste en apparence, rapidement tenue à pure devinette bigarré au bout de quelques plans, plus fun que virtuose. Mais comme pour les purs films de To, Filatures a du mal à faire coexister l’un et l’autre, se réduisant au final à un jonglage dentelé. Soit une suite de séquences : bravoure, mélo, contrechamps des gangsters, foule de trucs et astuces qui offrent au film une respiration pour le moins artificielle. Là où To versait, dans ses meilleurs moments, dans une virtuosité sans tête mais suffisamment oxygénante pour emporter l’adhésion, Yau Nai Hoi n’a qu’une intrigue et des gimmicks à sa disposition. Il n’en reste logiquement pas grand chose à imprimer, sinon un vague conflit entre lassitude et charme des formules invariables.