Pile entre Le Grand appartement et Comme t’y es belle, le dernier Lvovsky rafle les tics de la comédie familiale, humour et vivacité en moins. Faut que ça danse ! raconte dans la joie et la bonne humeur (comme le titre l’indique) les aventures d’une famille farfelue. Il faut croire que le film de « famille loufdingue pour le meilleur et pour le pire » est devenu un genre dans le cinéma français. Assez douteux, l’hymne à la famille (élargie tout de même, on inclut quelques pièces rapportées : un bon noir et un gendre idéal maghrébin), à ses bonheurs et à ses peines, vire vite à l’autocongratulation : au fond on s’aime tous tels qu’on est et rien de tel que la naissance d’un enfant pour rassembler la tribu.
Histoire d’approfondir l’affaire et de lui donner un background grinçant, les fantômes de la Deuxième Guerre mondiale sont invités à la fête. Dans l’idéal, on souhaiterait une filiation avec Lubitsch, mais c’est en réalité une parodie grotesque (qu’on qualifiera sans doute commodément d' »humour juif ») qui sert de spectre historique. Les rêves du père et de la fille sont hantés par un Hitler bouffon (représenté en pyjama rose à croix gammées ou en nain rigolard dans une séquence dessinée). L’histoire reste une imagerie réflexe qui ne parvient pas une seconde à inquiéter le trajet pépère des personnages.
Bref, la petite famille traverse aussi ses petites crises : le père vieillissant (Jean-Pierre Marielle) est obsédé par la mort, la fille (Valeria Bruni-Tedeschi), pas toute jeune non plus, la quarantaine, tombe enceinte, et la mère éthérée (Bulle Ogier, par ailleurs très bien) sombre dans une folie douce (comme tous les fous, on dirait : voire la séquence béate dans l’asile psychiatrique). Dans le genre vieille France, Le Grand appartement, sans aucun doute grande source d’inspiration de Noémie Lvovsky (elle y apparaissait d’ailleurs en propriétaire intraitable), avait au moins l’avantage d’emballer par le rythme. Faut que ça danse ! n’en a que l’air : ça rame. On rappellera encore pour les derniers réfractaires la scène où Valeria Bruni-Tedeschi accouche dans la bibliothèque d’un asile psychiatrique, filmée en gros plan avec force grimaces et hurlements : d’une grande délicatesse. Bah quoi, faut pas faire sa chochotte !