Troisième film d’Amos Kollek centré sur la solitude urbaine, Fast food, fast women explore cette fois ce thème sur le mode de la comédie douce-amère. En adoptant une distance amusée avec son sujet, le cinéaste se déleste en partie du radicalisme qui faisait la force de ses œuvres précédentes mais y gagne en humanité. Car malgré leurs indéniables qualités, la désespérance mortifère de Fiona et, dans une moindre mesure, de Sue perdue dans Manhattan finissait par nous asphyxier.
Dans Fast food, fast women, il est toujours question de solitude, de personnages à la dérive, mais Amos Kollek tempère sa vision pessimiste des hommes en y injectant un peu de bonté et de douceur. Fondé sur une structure « chorale », le film suit la trajectoire de plusieurs personnages à la recherche de l’âme sœur. A l’épicentre se trouve Bella (Anna Thomson, actrice fétiche du cinéaste toujours aussi extraordinaire en poupée Barbie flétrie), serveuse dans une cafétéria -lieu de passage des divers protagonistes- et qui, à trente-cinq ans, rêve de mariage et d’enfants mais doit se contenter d’un amant marié, et de 5 à 7 peu satisfaisants. Autour de Bella gravite une multitude de personnages secondaires : Bruno, un chauffeur de taxi volage avec qui elle entame une liaison, Paul, un veuf qui tente de trouver une femme grâce aux petites annonces, une prostituée bègue, etc.
Plus que l’ensemble, qui s’avère un peu confus et brinquebalant, on retient des instants, des scènes. Car si Amos Kollek s’éparpille en multipliant les personnages et les histoires, il parvient de temps à autre à faire naître une certaine émotion. En particulier dans les scènes qui ont pour sujet la vieillesse. Comment renouer avec une sexualité abandonnée après la mort d’une compagne de longue date, comment satisfaire les besoins d’un corps défaillant toujours en quête de plaisir ? Autant de questions qui traversent le film et donnent lieu à des moments d’une grande tendresse. Un portrait collectif inabouti mais attachant de New-yorkais désespérément en quête du bonheur.