Avec son titre accrocheur –Fashion victime– et sa mention « Interdit aux garçons », le film d’Andy Tennant témoigne d’une nouvelle escroquerie planifiée par des distributeurs avides d’appâter le chaland, quitte à ce qu’il y ait tromperie sur la marchandise. Alors que l’affiche française nous donne l’impression d’avoir affaire à une sympathique comédie sur les déboires d’une jeune femme accro au shopping, avec force clins d’oeil à l’attention des futures spectatrices censées être dans la connivence, Fashion victime révèle un propos radicalement différent. Il suffit de se référer au titre américain (Sweet home Alabama) pour se rendre compte que le film d’Andy Tennant n’est pas la suite tant attendue de La Revanche d’une blonde (d’ailleurs en cours de préparation à Hollywood) mais le dernier avatar d’une tendance en train de se dessiner aux Etats-Unis : la comédie réactionnaire.
Fashion victime raconte l’histoire de Mélanie, une jeune styliste qui a quitté son Alabama natal pour se faire un nom dans la mode à New York. Parvenue au sommet de la gloire et sur le point d’épouser un jeune politicien (démocrate !) qui a le vent en poupe, la belle revient à la campagne pour faire signer les papiers du divorce à son premier mari, un (séduisant) bouseux du coin en jean moule-burnes et chemise à carreau. Contre toute attente, Fashion victime se livre alors à une véritable glorification des us et coutumes du Sud des Etats-Unis, un pays où il fait bon vivre et où l’on commémore chaque année la guerre de Sécession par des reconstitutions grandeur nature de ses plus célèbres batailles. Derrière ses allures de comédie inoffensive, le film d’Andy Tennant oppose ainsi deux modes de vie, voire deux philosophies : d’un côté un New York (aux mains d’une maire démocrate) dont les extravagances et la liberté de penser sont jugés comme surfaites, de l’autre, le bon vieux Sud, plus authentique avec ses locaux toujours prompts à dégainer la carabine pour défendre la veuve et l’orphelin. Si l’on ajoute à cela le cruel manque d’humour du film (des dialogues qui ne font preuve d’aucun sens de la répartie et des répliques qui tombent souvent à plat malgré l’énergie de la jolie Reese Witherspoon), Fashion victime s’avère n’être qu’une rance ode à l’art de vivre bushien.