Alors que la Corée n’en finit pas d’imposer une cinématographie des plus séduisantes, Failan vient à point nommé pour relativiser l’engouement d’une foule de cinéphages HK-philes. Après raflé une multitude de prix dans différents festivals occidentaux, le film de Song Hye-sung était attendu comme un chef-d’oeuvre absolu. Il n’est pourtant qu’un mélodrame assez inefficace bénéficiant surtout de structures très fortes et d’un niveau national moyen largement au-dessus de la moyenne qui lui permet de piocher ça et là dans des films voisins.
L’histoire de rédemption en jeu dans Failan (un homme perdu découvre que la femme de son mariage blanc vient de mourir et décide de remonter dans son passé. Il découvre alors sa propre humanité) repompe abusivement Peppermint candy, le beau film de Lee Chang-dong, jusque dans ses métaphores les plus naïves (le train qui remonte le temps). Failan ne tire pourtant qu’un pathos assez grossier de son scénario, loin des enjeux historiques et de la finesse bouleversante de son modèle avoué. Le véritable problème du film n’est pas tant dans cette façon de recycler un matériau connu que dans son incapacité à gérer l’imparable mécanique à rebours de son récit. Failan possède ainsi une multitude de scènes purement décoratives, assez distrayantes en soi, mais qui traduisent un évident manque d’enjeux.
De fait, les scènes réellement fortes du film (la découverte de Failan, petit ange docile et lumineux, l’effondrement final du héros) apparaissent comme de gros blocs mal contenus, presque hermétiques entre eux. Il est assez lamentable que ce genre de faux événements venus d’Extrême-Orient sorte sans problème en salles (Musa ou bientôt Bad guy du médiocre Kim Ki-duk) alors que d’authentiques merveilles telles que Public enemy, polar fou de Kang Woo-suk, My Life as McDull, dessin-animé merveilleux de Hong Kong ou Zu warriors de Tsui Hark ne sont toujours pas annoncés dans les programmes de sorties.