Le nouveau poulain de Luc Besson s’appelle donc Olivier Mégaton (Exit a bénéficié d’une aide financière de l’auteur de Nikita). Comme papa, Olivier aime fabriquer des images qui en jettent, avec cadrages et mouvements sophistiqués, lumières filtrées et couleurs criardes, lieux surchargés d’objets baroques ou étranges. Mais attention, le petit a des idées derrière la tête, et son décorum n’est pas là pour rien. Dans Exit, il s’agit avant tout de pénétrer dans le cerveau psychotique de Stan (Patrick Fontana), jeune homme soupçonné de meurtre et relâché faute de preuves tangibles après avoir toutefois passé cinq ans dans un asile. Suivi par un psychiatre encore plus taré que lui (Feodor Atkine), Stan se croit responsable de la nouvelle série de crimes qui déferlent sur la ville depuis qu’il a été mis en liberté. A moins qu’il ne soit manipulé par un esprit démoniaque ? Et si ce récit n’était qu’un long délire imaginé par un démiurge fou ?
Vain est un faible adjectif pour qualifier l’entreprise de Mégaton. Sentencieux jusqu’au ridicule, Exit fait partie de ces films qui s’estiment novateurs parce qu’ils déblatèrent quelques phrases ampoulées et définitives sur l’espèce humaine (à peu près des choses comme « la mort est une situation irrémédiable dans la vie », ah bon ?). On sent l’ado attardé content d’avoir construit une phrase cohérente avec des mots un peu compliqués, comme dans un mauvais roman de science-fiction. Les face-à-face entre le psy et son patient se révèlent particulièrement insoutenables, dilatés jusqu’à provoquer une oppression davantage due à la puérilité prétentieuse des dialogues qu’au désir auteuriste de créer un univers claustrophobique. Ultime symptôme de ce cinéma privé de pensée : la violence. Surgissant via mille soubresauts furieux et autres effets de style (avec notamment un Manuel Blanc en diablotin de pacotille), elle agresse sans susciter la moindre réaction (sans parler de réflexion), noyée dans l’excès général avec une inquiétante absence de complexe.