Un à un, et c’est de bonne guerre, les Robins des bois, trublions télévisuels, passent aux choses dites sérieuses, le cinéma, qu’ils investissent sur différents rythmes -petite princesse (Marina Foïs), acteur popu (Jean-Paul Rouve) et désormais, avec PEF, gagman wannabe auteur. Inutile de ressortir, à propos de Essaye-moi, le discours mille fois vérifié sur le tunnel qui sépare le petit du grand écran. Non pour dire qu’il y a entre eux une division d’écart, comme on dirait en termes footeux, mais pour redire que nos pitres télévisuels (surtout en France) n’ont pas tant à gagner en passant de l’un à l’autre : il est entendu depuis des lustres que tous ou presque furent meilleurs sur les plateaux télés que sur les plateaux cinéma. Et que leur noblesse éventuelle n’est pas assujettie aux financements par le CNC. Inutile de préciser cela, parce que PEF s’avance ici en déjà-cinéaste. Qui possède son « univers » et vous le crie à tous les plans. Bienvenue dans mon univers, nous dit PEF, qui filme comme on montre sa chambre et son coffre à jouets à son copain de récré, période CE2-CM1.
Le primaire, au sens scolaire du terme, est le carburant de Essaye-moi, qui pourtant n’est pas rebutant de prime abord, avec son héros cosmonaute (PEF himself) accroché au bout de 3 minutes de films à la plus petite planète du système solaire (3 mètres de diamètres), y plantant l’air ravi le drapeau de l’Union Européenne. Lui, c’est Yves-Marie, spationaute de son état, qui a fait promettre à sa copine de CM1 qu’elle l’épouserait le jour où il ira dans les étoiles. Vingt ans plus tard, revenu sur le plancher des vaches, le héros vu à la télé va réclamer son dû. Mais Jacqueline (Julie Depardieu), puisque c’est elle, a oublié sa parole et s’apprête à épouser un chasseur de canards (Kad, pas mal). Yves-Marie, comme l’indique le titre, lui demande au moins de l’essayer 24 heures. Jusqu’ici, le film tient à peu près la route, tant qu’il en reste à un burlesque de cartoon, gentil sans doute, mais pas plus déshonorant qu’un autre.
Mais bien vite la relative tenue du film s’étiole et laisse voir son vrai fond de commerce : la puérilité, l’enfantillage, petit diktat étouffant parce qu’il se croit au-dessus de tout soupçon. PEF le cosmonaute a environ 5 ans d’âge mental, il adore Groquick et dors avec un pyjama à nounours, fait des bêtises de galopin. Pénible, cette hypocrisie idiote où l’enfance est chantée comme un refuge contre le monde entier qu’il est méchant. L’enfance comme âge sans profondeur, âge des bêtises et du bonheur niais, recette facile exhibée à l’envie ici, pour rien, pour un éloge de la vie digne d’Amélie Poulain, c’est dire. Mais l’enfance, que l’on sache, c’est autre chose que la puérilité, que la régression, que l’infantilisme, et rien de pire que les grands lorsqu’ils singent les petits, ils deviennent laids, marchands de joie facile.