Qui pourrait citer de mémoire les trois derniers film turcs sortis sur les écrans français ? Le fait est suffisamment rare pour être souligné. Mais au delà du souci de soutenir un film en provenance d’une cinématographie peu connue, la sortie d’Eskiya nous permet d’évoquer les qualités évidentes de ce long métrage, qui a connu un immense succès en Turquie… Quel sera son parcours sur le circuit français ?
Après 35 ans passés en prison, Baran, le bandit des montagnes, se rend à Istanbul pour tenter de retrouver un amour perdu. Dans le train, il rencontre un jeune bandit ambitieux. Les deux vont se soutenir en tentant d’éviter les dangers d’un milieu violent.
Malgré une mise en scène stylisée frôlant à plusieurs reprises une théâtralité presque insupportable, Yavuz Turgul parvient à nous proposer un film rigoureux qui mélange plusieurs thèmes, voire plusieurs genres. Ainsi, si les idées de vengeance et de quête de vérité représentent les points de départ du film, viennent se greffer très vite des tons de comédie avec les personnages secondaires amis du « bandit des villes ». Sans être un film social, cet aspect est traîté également par une description de la vie dans les quartiers pauvres d’Istanbul. Une peinture de moeurs se dessine par la présence des clients d’un hôtel où vit Baran, dont l’occupation pricipale consiste à discuter de leur passé devant la télévision. Enfin, une dimension ironique et onirique apparaît à la fin du film, où Baran, après avoir tué tous les voyous, mourra à son tour dans une séquence qui semble sortir d’un rêve et qui nous pousse à voir les deux heures qui précédent comme un conte de fée moderne. Peut-être est-ce la cause du succès du film en Turquie ?