On peut indubitablement parler de renouveau du cinéma argentin. Particulièrement dynamique ces derniers temps, cette cinématographie nous a valu quelques très bonnes surprises cette année : Mundo Grúa et Vies brulées pour ne citer que les meilleurs. Mais soyons clairs, ce petit film apathique n’en fait pas partie.
« Argentine : un peuple au bord de la déprime », la une du Courrier International de la semaine dernière ne pouvait sonner plus juste. L’Argentine post-dictatoriale est en effet rongée par plus de quinze années de néolibéralisme sauvage, et la crise semble insoluble. De ce pays en pleine sinistrose, Daniel Burman esquisse un portrait assez probant. Ici, une gare désertée et sa dame pipi désoeuvrée, là, un homme devenu clochard quasiment du jour au lendemain, la déliquescence est générale. Hélas, en partant de ce constat, le réalisateur greffe à son film quinze mille thèmes différents. A travers les destins parallèles de trois individus (en plus des fameux dame-pipi et SDF il y a un jeune juif en pleine crise d’adolescence attardée), le film parle de la communauté juive de Buenos Aires, des difficiles relations que l’on peut entretenir avec ses racines, des problèmes d’identité sociale, sexuelle, de la globalisation…cette liste n’est évidemment pas exhaustive. Beaucoup trop pour un seul film qui, du coup, ne prend jamais le temps de s’installer, de faire fonctionner les scènes sur la durée. Et si de temps à autre il suscite un certain intérêt (en particulier ce qui concerne la triste vie de la dame pipi interprétée par une Stefania Sandrelli un peu fanée…), celui-ci est rapidement noyé dans la masse des sujets abordés. Entre trop-plein thématique et réalisation mollassonne, En attendant le Messie n’arrive jamais à trouver le ton juste.