Nouvelle étoile molle d’une constellation de la lobotomie heureuse jamais tout à fait éteinte, le dernier film de Damien Odoul médite en roue libre sur la vie ET la mort. En guest star, Pierre Richard. Qui se meurt dans son château ; qui veut égayer ses derniers jours ; qui fait appel à une troupe de théâtreux dégénérés autant que pétomanes : Anna Mouglalis, Odoul en personne + quelques pingouins ahuris viennent se bousculer dans le cadre et dans le château sous l’œil innocent d’un débile léger (Pipo le jardinier !).
Qu’est-il arrivé à Damien Odoul ? Pas grand-chose, finalement. Depuis Le Souffle, son premier long-métrage, on sent chez lui le travail au noir d’une espèce de passion élastique pour l’ivresse et la pulsion, pour le trop-plein. En attendant le déluge voudrait brailler très fort cet amour de la folie, hurler qu’il est suffisamment costaud, voire surhumain, pour aller flirter avec le grotesque. Il faut être un grand cinéaste pour se frotter au grotesque et en revenir grandi. Et puis cette envie d’aller rire au-devant de la mort n’est pas nouvelle, c’est le propre du carnaval, des masques et de la bouffonnerie. Carnavalesque et bouffon, le film l’est sans doute, mais sûrement pas le délire dionysiaque qu’il entend être. Ce n’est pas en récitant Villon la tête à l’envers sur un canapé fripé qu’on devient philosophe.
En attendant, le désastre. Symbolisme du tuyau d’arrosage, récitation du répertoire cul nu sur une barque et autres galipettes post-modernes composent cette hurluberluade sans âme et sans malice. Reste la question du sérieux, dans cette foire à l’impro évidemment qualifiée de tragi-burlesque par son auteur. Si c’est pensé comme tel, burlesquement parlant ça ne vaut pas grand-chose et côté tragédie, c’est effectivement à pleurer. C’est toutefois l’impression d’avoir affaire à une clownerie de troisième ordre déguisée en odyssée dionysiaque discount. Mais chut… comme dit l’artiste : « … ce film ne saurait advenir s’il est défloré. Son essence est dans son secret ». Sans rire.