Le teenager du cinéma hollywoodien est une figure irrésistible. Riche, beau, sportif, ses préoccupations oscillent entre problème de cœur et garde-robe à la page. En résumé, du Bret Easton Ellis sans la moindre distanciation. Mais surtout, le teenager se doit d’être cool. Et c’est ce difficile apprentissage de la « coolerie » que va entreprendre l’héroïne de Elle est trop bien, Laney (Rachael Leigh Cook, savant mélange entre Virginie Ledoyen et Annette de Premiers baisers). Car si Zach (Freddie Prince Jr.), le garçon le plus séduisant du lycée, s’intéresse à elle, c’est pour gagner un pari fait avec ses potes et qui consiste à prouver que même la fille la plus anodine peut devenir reine du bal de fin d’année. Mais Laney est bien sûr une nana « trop bien », juste un peu plus intello et artiste que la moyenne -elle évacue notamment le traumatisme dû à la mort de sa mère par des peintures très sombres. Le titre de reine étant également convoité par Taylor, petite garce superficielle qui vient de larguer Zach pour Brock Hudson (!), star d’une sitcom affligeante, la compétition va être rude…
Si l’on connaît par cœur la recette de ce type de films (éprouvée avec plus ou moins de bonheur par John Hughes – Breakfast club, Rose bonbon…), leur vacuité acidulée peut toutefois séduire. Elle est trop bien, comme toute bonne comédie sentimentale, parvient à ménager son petit suspense (« qui sera la reine du bal de fin d’année ? » devient pendant une heure et demie une question fondamentale, ce qui est en soi un tour de force) et divertir par ses micro-événements (la transformation de la première de la classe en petite princesse, la découverte du pot aux roses par Laney…). Mieux encore : lorsque, pendant le bal, un groupe d’étudiants se déchaîne à l’aide d’une chorégraphie parfaite sur le Rockafeller skank de Fat Boy Slim, une jubilation inattendue s’empare du spectateur. Mais Elle est trop bien est avant tout un film reposant, qui a évacué toute forme de réalité pour se plonger dans un univers adolescent où la frivolité est une règle d’or, où le Mal et le désespoir n’ont pas leur place, et où l’on apprend que le bonheur n’est qu’une question de volonté. Forcément factice donc, mais du moment que l’on sait ce que l’on regarde, on peut passer un très bon moment.