A part râler contre la société, Jean (Eric Elmosnino) ne fait rien de ses journées. Lassitude, découragement, anxiété, il présente tous les symptômes d’une grave dépression. Pleine de bonne volonté, sa compagne, Nicole (Camille Japy), tente en vain de lui remonter le moral jusqu’au jour où ce trentenaire, après une énième crise de tétanie, se retrouve interné en hôpital psychiatrique. A sa sortie, la seule idée qui lui vient à l’esprit pour sauver son couple est d’offrir un micro-ondes à sa femme. Mais sans argent, son acquisition devient problématique et se transforme en quête nocturne et effrénée dudit objet.
Performance et productivité sont les deux mamelles d’une société dans laquelle Jean l’inadapté pense pouvoir s’intégrer en devenant l’heureux propriétaire d’un appareil rigoureusement dispensable. Doucement anarchisante, cette comédie fait songer à un After hours parisien et fauché. L’idée de départ est plutôt originale : un homme tente désespérément d’entrer dans un moule qui ne lui convient pas. Mais la course à l’électroménager, malgré des participants très convaincants (à l’exception notable d’Isaac Sharry, très mauvais en patron fourbe et autoritaire), finit sérieusement par lasser. Pour tenir la longueur, Sylvain Monod multiplie les obstacles, les rebondissements, les rencontres, et sa comédie peu conventionnelle revêt progressivement les habits trop étriqués d’un vaudeville, claquement de portes (de four) comprises. Demeure un personnage au charme évident, une espèce de Pierrot lunaire, un doux rêveur, qui ne trouve pas sa place dans un monde moderne de plus en plus exigeant.
Finalement, Electroménager, en dépit de sa mécanique enrayée, ressemble avec ses réjouissantes piques antilibérales à un article du Monde diplomatique écrit par un journaliste ayant le sens de l’humour. Une comédie peu conventionnelle, à l’argument certes ténu, mais qui nous laisse un goût doux-amer.