Il y a trente ans, le 9 octobre 1967, le guérillero Ernesto Che Guevara tombait sous les balles de l’armée bolivienne. Cet anniversaire avait déjà donné lieu à la parution de plusieurs biographies très fournies. Deux documentaires sont désormais à l’affiche. Le premier, El Che,, de Maurice Dugowson, est co-scénarisé par Pierre Kalfon, l’auteur d’un Che aux Éditions du Seuil. Sa productrice, en l’occurrence Fabienne Servan-Schreiber, escompte obtenir un franc succès en salles. Douze copies du film sont actuellement distribuées -dont quatre en région parisienne- ; une sortie de cette importance est extrêmement rare dans le domaine du documentaire. Le pari est audacieux, mais, au vu de la couverture médiatique dont il bénéficie, il devrait rapporter beaucoup. Il est à craindre que le film de Maurice Dugowson n’ait pas véritablement d’autres ambitions. Se contentant d’un développement linéaire de la vie du Che et d’une paraphrase de l’ouvrage de Kalfon, versant trop souvent dans l’anecdote, le documentaire n’arrive jamais à entretenir la distance nécessaire par rapport aux images qu’il propose. Ainsi, il ne parvient pas à se défaire de la sempiternelle question qui est celle de la construction du mythe révolutionnaire.La démarche du film de Richard Dindon, Le journal de Bolivie, une reprise de 1994, est quant à elle beaucoup plus intéressante. La narration repose sur le carnet de route qu’a tenu le Che durant son année de guérilla bolivienne. La caméra se contente de suivre l’itinéraire de la troupe et ne fait qu’accompagner les paroles d’outre-tombe venues du journal, laissant défiler un paysage désespérément vide. Voici Ernesto Guevara rendu à lui-même, démystifié, presque humain. Il semble possible que l’âme errante du Che puisse enfin trouver une sépulture digne.
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