A seulement quelques années du cap de la soixantaine, Sly nous revient plus fringant que jamais, jeans moule-burnes et santiags aux pieds, dans le rôle de Joe Tanto, un pilote de F1 rattrapé par son passé. Produit et écrit par l’Italo-Américain, Driven ressemble à un gros cadeau que la star fait à son ego avec l’aide de son acolyte Renny Harlin qui l’avait déjà mis en scène en alpiniste chevronné dans Cliffhanger (1993).
A l’instar de L’Enfer du dimanche d’Oliver Stone qui nous offrait une plongée musclée dans le monde survolté du football américain, Driven se propose de nous faire découvrir les us et coutumes de la Formule 1 en prenant bien soin d’en rapporter les éléments les plus folkloriques (entre autres, un chef d’écurie en fauteuil roulant interprété par Burt Reynolds, un champion du monde allemand et un espoir blondinet à lunettes). Les deux films entretiennent d’ailleurs de nombreux points communs à commencer par le montage frénétique des séquences de course pour l’un, de match pour l’autre, le tout boosté par des tubes techno et rock au rythme irrésistible. Alors que Stone parvenait à rendre compte de la folie autour d’événements comme le Superbowl tout en ayant un regard quelque peu critique sur les coulisses de ce grand cirque, Harlin, lui, ne se soucie pas du background et s’en tient au brillant des apparences qu’il n’hésite pas à lustrer un bon coup : les crashs sont plus impressionnants et les pilotes plus glamour que dans la réalité. C’est finalement cette absence de retenue qui rend la vision de Driven assez jouissive.
Avec pour seule ambition de caresser le public dans le sens du poil, Renny Harlin réalise un divertissement tout en esbroufe et beaux gestes qui ne s’embarrasse guère d’une quelconque plausibilité. Peu importe que Joe Tanto n’ait visiblement plus l’âge de courir sur les circuits, ou que, dans la vraie vie, les champions de F1 ne sortent pas de la piste en pleine course pour aller sauver la vie de leur concurrent, pourvu que le spectacle soit sauf. Grossier mélange de vulgarité (les plans sur les seins des supportrices, à raison d’un toutes les trois minutes), de romance niaise (les deux jeunes héros se battent pour la même fille), et d’exaltation virile (le fameux code d’honneur entre champions), Driven accumule lieux communs, énormités scénaristiques et effets virtuels plutôt cheap pour le plus grand plaisir du spectateur un peu pervers qui n’en demandait pas tant…