Dans la série des Dracula ringards, ce millésime 2001 bat des records. Plus fort que Frank Langella (héros foireux de l’honorable version « charnelle » signée John Badham en 1979), voici donc Gérard Butler, vampire lover à la noix que la rumeur voit déjà en futur James Bond. En attendant d’achever un peu plus le mythe de l’agent 007, Gérard fait des miracles en succube transylvanien. Aussi excitant qu’un string de Jackie Sardou, l’acteur s’exerce à la méthode du regard hypnotique, avant de passer à la vitesse supérieure via la voix rauque et le planter de canines. Recettes maintes fois éprouvées mais singées avec une telle outrance par le sieur que chaque apparition ressemble à un détournement parodique digne d’un mauvais Leslie Nielsen.
Hélas, il faut bien l’admettre, tout ça se prend très au sérieux. Transposition libre et contemporaine du classique de Bram Stoker, Dracula 2001 tente péniblement de renouer avec la tradition gothique de la Hammer (notamment à travers ses décors et costumes) tout en restant inféodé à un emballage visuel fortement clippesque. Cette mauvaise fusion entre l’ancien et le nouveau aboutit à un objet chiantissime, laborieux et d’une laideur dépassant l’imagination d’un Besson ou d’un Kassovitz. Voué corps et âme à l’industrie dans ce qu’elle a de pire, le film de Patrick Lussier ressemble à une gigantesque pub pour Virgin, dont le logo apparaît -de façon plus ou moins ostentatoire- au sein d’une bonne centaine de plans. Normal puisque Mary (alias la transparente Justine Waddell, qui n’a pas dû sucer que le sang de son producteur pour jouer les héroïnes effarouchées) travaille comme vendeuse dans l’un de ces « hypermarchés culturels » de la Nouvelle-Orléans. Mais la pauvrette est assaillie par des visions cauchemardesques depuis que notre Dracula s’est fait réveiller par une bande de cambrioleurs inconscients. Pourtant, le cercueil de l’éphèbe décomposé était plutôt bien protégé par… Van Helsing, qui n’a pas pris une ride depuis cent ans. Son secret ? Des injections régulières de sang de limace elles-mêmes gorgées de précieuse hémoglobine vampirique et donc génératrices d’immortalité.
Le film fourmille comme ça d’idées minables qu’on croirait nées d’un cerveau d’ado boutonneux et inculte. Le paroxysme de la connerie est ainsi atteint lors de la révélation finale suggérant que Dracula serait en fait la réincarnation vengeresse de Judas Iscariote venu botter le cul aux dogmes cathos de son ex-pote Jésus. A quand Eve la pêcheresse ressuscitée en Jennifer Lopez, histoire de damer le pion à la trop chaste Sainte-Vierge ?