Mauvaise nouvelle pour le cinéma d’action : Universal a confié la réalisation de Doom, adaptation du hit vidéoludique d’Id Software (1993) qui a révolutionné le genre shoot à la première personne (First Person Shooter) au peu subtil Andrezj Bartkowiak, l’ex-chef op de Richard Donner reconverti depuis peu en serveur du pire junk movie (Roméo doit mourir). Dès lors, difficile de s’enthousiasmer pour un projet condamné à la surcharge bourrine, malgré l’intention louable du scénario de déterrer tous les fondamentaux du genre des trente dernières années. D’Alien à La Chute du faucon noir, de Cameron à Romero, Doom passe en revue son background hollywoodien à la manière d’un cancre lorgnant ses anti-sèches. Rien ne s’installe vraiment, tout se colmate ou se pose en argument racoleur avec un cynisme de statisticien en management. Film industriel assurément, et même pas dans toute son horreur, tant il se complait dans une médiocrité professionnellement calibrée. Car Bartkowiak est un homme sans ego pour qui le cinéma reste un job purement robotique : aucune idée de bricoleur, ni même une approximation ou une tendresse post-adolescente, de celles qui par exemple, réchauffe les nanars de Paul Anderson (Alien vs Predator). Comme si au fond, la mise en scène n’était seulement qu’une affaire d’emballage technique.
Du coup, les séquences s’enchaînent dans un non-rythme déprimant. On voudrait croire à chaque sursaut du récit, passer sur l’effroyable grossièreté du traitement, mais épuisé avant nous, le film passe à un autre trompe-l’oeil. C’est dire la pauvreté du style, car le script s’avère un modèle de fluidité et de rigueur, livrant à la mise en scène un filet de sécurité et une grande liberté de mouvements. Sans doute dans l’écriture, l’une des meilleures adaptations à ce jour d’un hit du jeu vidéo, tant les principaux enjeux assument ses origines : amour du tâtonnement en un huis clos élastique, plaisir cathartique d’un ball-trap à la fois barbare sur le fond (tout dégommer le plus vite possible, sans se poser de questions) et sophistiqué sur la forme (varier les armes, du big fucking gun au couteau). Belle ligne droite en plus, que l’intrigue (celle du jeu) : envoyé sur Mars pour sauver un groupe de scientifiques, un commando d’élite affronte d’étranges mutants. L’histoire risque même la métaphore politique du conflit en Irak quand le chef des soldats, en fait un psychotique (The Rock, toujours prêt à casser son image) exécute les innocents en prévention d’une éventuelle contamination.
Mais le plaisir ne reste qu’intention, estompé par l’indifférence bas du front de Bartkowiak, qui ne voit dans ces dédales métalliques qu’un banal musée des horreurs. Démarche qui ne l’emballe pas plus que ça, la visite traîne des pieds, sape les personnages tous plus nuls les uns que les autres, cède au n’importe quoi de la citation (la séquence de carnage en caméra subjective sur fond de techno, comme dans le jeu, il fallait oser). Pas méchant, juste profondément idiot.