D’abord, ne pas se fier à l’affiche, sommet de sensualité coquine où l’on peut admirer les prouesses de la pulpeuse Liv Tyler en matière de léchage d’oreille. Une image très évocatrice qui n’a rien à voir avec l’érotisme beauf et ringard à l’oeuvre dans ce Divine mais dangereuse, comédie bas de gamme promise à un oubli prématuré mais mérité. Notre ex-Beauté volée y joue une femme fatale moderne (en d’autres termes, une salope cupide) du nom de Jewel qui séduit pas moins de trois crétins : Randy (Matt Dillon), barman macho ; Carl (Paul Reiser), frère du premier et avocat converti au S.M. ; enfin, le détective Dehling, veuf joyeux envoûté par les appas de la demoiselle. Cette dernière est une pro du cambriolage qui officie avec son amant Utah -avant de l’éliminer pour le joli minois de Randy. Tous les personnages vont ainsi se retrouver plus ou moins impliqués dans le meurtre et se laisser embobiner par Jewel, reine de la manipulation perverse.
Cette vague intrigue policière sert surtout de prétexte à une série de délires sexuels autour de Jewel, pouffiasse débilissime qui passe son temps à refaire la décoration de sa maison (à l’aide des couleurs les plus kitsch possibles), repasser le linge et dépenser le fric du ménage. Objet de fantasmes inavoués, Jewel se mue tour à tour en mère fouettarde, femme au foyer et mamma italienne afin de mieux dépouiller ses conquêtes masculines. Ce qui aurait pu être une ode à Liv Tyler -plus sublime encore qu’à ses débuts- tourne vite au cauchemar : une pochade pesante et laborieuse, une suite de séquences au cours desquelles une poignée de mâles en chaleur bavent sur la bouche et la poitrine de l’héroïne. Les effets qui, d’ordinaire, ont pour but de transfigurer les figures du désir, servent ici à conforter grassement la logique vulgaire de l’entreprise (voir les ralentis répétés sur le visage de l’actrice auquel ne manque plus qu’une fellation mimée). A force de personnages sans ambition, d’adultères grotesques et de truanderies minables, Divine mais dangereuse dégoûte et condamne ses spectateurs à une sévère migraine.