Le Dikkenek est un beauf qui suinte la bière et éructe des vannes graveleuses, roule en BM customisée et a des idées sur tout. Oui, mais attention, le Dikkenek est belge ce qui donne le droit au néophyte Olivier Van Hoofstadt d’en faire un long métrage, histoire de coller au train de Benoît Poelvoorde, première figure du genre mais jamais égalée. C’est bien le problème de ce film : se débarrasser de sa posture tout en s’y collant faute de mieux. L’humour a beau s’autoproclamer vachard et sans concession, le vulgaire atteindre un point de non-retour, peu de vraie méchanceté jouissive n’imprime la pellicule. Ce qui provoque un effet de ressac violent contre le film comme s’il ravalait son vomi : le premier à s’attirer pitié ou bastonnade, c’est lui.
Ce serait trop d’honneur pour Olivier Van Hoofstadt d’en rester là, tant il ne cherche au fond qu’à revêtir l’habit du punk qui n’a peur de rien. Evidemment, tout est bon à prendre pour justifier de la nullité d’un film : gros rock bien musclé, foutoir scénaristique où les séquences s’empilent sans rythme ni chronologie (t’as rien compris man, on s’en fout des règles), éloge libertaire version 4e techno comme si Doc et Difool gloussaient devant Les Valseuses. On aurait pu y croire si le film n’avait de cesse de se justifier en permanence de sa propre muflerie, dressant ici un petit panel sociologique qui replace toujours le riche devant le beauf sur l’échelle de la connerie humaine, cherchant là à tirer les larmes du chaland par des effets poétiques ou de romantisme au premier degré.
Le seul folklore visuel aurait au moins pu suffire à établir une ligne directrice façon Kamikaze girls, nouant les personnages et les situations par une grande farandole dégénérée. Mais le maniérisme kéké le dispute aux grandes figures du nanar : une star confirmée (Jérémie Rénier) ou gadget (Florence Foresti de Ruquier) chasse l’acteur à gueule et l’effet rustique ne devient alors qu’une forme d’encanaillement pathétique. La palme à Marion Cotillard qui, après l’indispensable Edy, se plante plus que jamais dans ce périlleux exercice, livrant un navrant cabotinage d’instit sadique qui a au moins le mérite d’instaurer un malaise pâteux à chacune de ses apparitions. Pas de doute, c’est en présence de vanité qu’on reconnaît un faux punk d’un vrai. Celui-là ne fait pas illusion plus de trois plans.