Succès surprise aux Etats-Unis, Destination finale (2000) renouvelait le slasher movie avec une pertinence que l’on devait en grande partie au savoir-faire de son réalisateur James Wong, capable des plus ingénieuses trouvailles de mise en scène. Parti vers de nouvelles aventures, en dirigeant notamment Jet Li dans The One, James Wong n’est pas aux commandes de cette suite et laisse à un quasi inconnu le soin d’orchestrer ce nouveau combat contre la mort. Pas aussi ambitieux que son aîné, Destination finale 2 se contente de développer l’humour noir du premier en laissant de côté un scénario dont personne n’a visiblement que faire. Curieusement, c’est grâce à cet appauvrissement narratif que cette sequel réussit là où on ne l’attendait pas. Ramenée à son plus simple argument -la succession quasi ininterrompue des victimes de la liste établie par la mort-, l’histoire ne se perd pas en conjonctures inutiles, amourettes et autres conflits entre ados excités en crise. Réduits à l’état de pantins manipulés par une instance supérieure, les héros du film semblent n’occuper l’écran que dans le seul but de servir de nouvelle pâture à la faucheuse.
Du coup, David R.Ellis, réalisateur de ce Destination finale 2, a tout loisir de se concentrer sur la mise en scène, véritable raison d’être du film. Car l’important n’est pas de savoir lequel des personnages va y passer mais bien plutôt comment. Promis à une mort certaine, les héros sont donc plongés dans un univers quotidien faussement inoffensif : par exemple, une cuisine en apparence banale qui se transforme peu à peu en jungle hostile. Le suspens tient au simple fait qu’on ne sait jamais de quel côté le danger va arriver. Conscient de l’expectative dans laquelle est plongé le spectateur, David R.Ellis s’amuse à brouiller les pistes en jouant avec nos nerfs. Dans ce qui demeure la meilleure scène du film, le héros met par accident le feu à sa cuisine, réussit de peu à s’en sortir, mais finit par céder à la mort de la manière la plus inattendue qui soit et non sans un certain humour. Si Destination finale 2 ne parvient pas à garder tout du long la même inventivité ni le même rythme, il n’en demeure pas moins, malgré ses apparences de blockbuster lambda, l’une des pirouettes cinématographiques les plus ironiques et distanciées de l’année.