Comédie new-yorkaise entre amis, road-movie, drame existentiel, le cinéma indépendant américain est un vaste fourre-tout aux contours flous qui abrite une multitude de sous-catégories. Celle Des choses que je ne t’ai jamais dites est de plus en plus en vogue : « l’auto-parodie involontaire, ou comment reprendre tous les tics censés caractériser ce type de cinéma ».
Quelques jeunes, la trentaine, souffrent tous d’une déprime plus ou moins avancée dans une petite ville du Middle West, elle-même particulièrement déprimante. Ann (Lili Taylor) vient de se faire larguer et a bien du mal à s’en remettre. Don (Andrew McCarthy, acteur qui eût sa petite heure de gloire dans les films pour ados des années 80 et qui essaie désespérément de retrouver un second souffle dans le cinéma indépendant fauché) s’est aussi fait larguer, mais il y a bien plus longtemps. L’une commence sa dépression, l’autre la termine. Autour d’eux circule un certain nombre de personnages, plus ou moins esseulés : la collègue de travail toujours entre deux ruptures avec son copain, le type qui a changé de sexe, le voisin amoureux transi. Tout ce petit monde erre dans un paysage urbain glauque, et de fast-food cheap en laverie automatique, chacun finira par se rencontrer à un moment ou à un autre du film.
Bref, rien de bien nouveau sous le soleil, rien qui n’ait déjà été vu, revu et encore vu. On a même droit à quelques apparitions de Seymour Cassel, acteur cassavetien dont la présence est devenue incontournable pour tout réalisateur indépendant qui se respecte.
Et ce ne sont pas les quelques velléités de mise en scène, telle l’apparition dans le champ de scènes tout droit sorties de l’imagination de Don ou encore l’inscription dans la bande son des pensées d’automobilistes coincés dans un bouchon, qui changeront quelque chose à l’affaire. On reste totalement insensible face aux souffrances des personnages. Ce portrait de la solitude moderne, esquissé par une réalisatrice en mal de prozac, nous apparaît bien vain.