Avec un titre comme Des Chambres et des couloirs et le slogan suivant : « Le sexe, ça se passe dans les chambres et ça se décide dans les couloirs », l’on pouvait s’attendre à un beau film lacanien sur les interactions entre la parole et l’acte sexuel, ou encore à une œuvre conceptuelle traitant de l’influence des lieux sur les pulsions du corps. D’accord, cela aurait été à coup sûr un peu figé, mais sûrement pas pire que cette espèce de comédie « queer » (c’est l’anglicisme le plus prisé du moment : à quand un numéro spécial de « Marie-Claire » consacré à « l’enfer des back-rooms »?), anglaise et « mongoloïde » qui nous inflige les tribulations de jeunes crétins bourges et branchouilles ne sachant comment gérer leur ambivalence sexuelle. « De toute façon, il faut bien penser à quelque chose », pourraient déclamer en chœur les héros du film, « quitte à être rongé par le doute et la culpabilité », ces amis bien connus de la constipation. Pour rester dans le domaine fécal, enchaînons avec la diarrhée filmique que l’infortunée Rose Troche considère comme de la mise en scène. Dans le désordre : mouvements de caméra dans le vent (et ne récoltant guère plus), panneaux de couleurs et murs repeints dans les mêmes teintes bien voyantes (ah ! Ces bleus, ces rose… c’est tellement… tellement… « stylish »… mais « arty » aussi… enfin « gay », quoi !) ou encore une sorte de trou noir numérique censé faire la transition entre les « flash-back » et « flash-forward » et représentant finalement assez bien le néant nauséeux dans lequel évoluent les personnages. Car Leo, Darren ou Sally n’ont strictement rien à dire ni rien de drôle à faire passer, trop occupés par leurs émois de pacotille et l’entretien régulier de leur cul aseptisé. La position de Rose Troche par rapport à ce petit monde inconsistant est malheureusement neutre (elle est pourtant elle-même homosexuelle), et c’est ce qui finit par faire peur, surtout lorsque l’on constate que ce qui touche au sexe est relégué hors-champ, visuellement parlant. N’apparaissent alors plus sur l’écran que des silhouettes excessivement colorées mais dont seule la vacuité frappe le regard.
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