Avec Dégrafées, Déboutonnées, Dézippées, on ne se retrouve pas devant une présentation de mode pour spécialistes ou voyeurs inavoués, mais bien devant un film expérimental, exposant la créativité d’Isacc Mizrahi, styliste New Yorkais. Le film s’attache aux préparatifs, au déroulement et aux suites de la présentation de la collection mode Automne-Hiver.
Même si le spectateur est totalement ignorant du milieu de la mode, il sera pourtant charmé par certaines références cinématographiques bienvenues : Nanook (Flaherty), la sublime Loretta Young dans L’appel de la foret ainsi que le clin d’oeil à Orange Mécanique dans la musique et dans la réalisation.
Au visionnage du film, on est ballotté entre le doute et la réussite. Le milieu d’une particularité rare qu’est celui de la mode nous montre ses faiblesses, ses failles et ses mystères. Mizrahi palpite à chaque moment difficile, et nous aussi. Une séquence intéressante s’arrête sur un nouveau concept de défilé : une grande toile blanche et transparente qui nous fait entrevoir les corps sublimes des mannequins et la vie cachée de cette fourmilière étonnante, dans l’excitation du défilé. Belles mais humaines, enfin ! Les mannequins sont ramenées à ce qu’elles sont : non pas des déesses médiatisées, ni des clichés de personnification de la débilité, mais des personnes, excentriques certes, mais humaines, presque palpables (presque…).
Entre Linda Evangelista, Naomi Campbell, Cindy Crawford, Kate Moss, et notons une brève apparition de Richard Gere… le choix des « comédiens » est judicieux.
On passe par les espoirs, les craintes d’un créateur : des moments d’excitation, de tension indescriptible et que seule une représentation publique peut faire connaitre. Dans le petit matin blème d’un New-York encore endormi, on suit Mizrahi au lendemain du défilé, devant un kiosque à journaux, curieux de connaître les appréciations portées sur le défilé.