Déjà oscarisé pour son premier film –Sling Blade, meilleure adaptation en 1996- et scénariste chevronné (récemment The Gift de Sam Raimi), Billy Bob Thornton est néanmoins plus connu comme acteur. Sa prestation dans le dernier film des frères Coen, The Man who wasn’t there, présenté à Cannes le mois dernier, sera sans doute plus marquante que cette adaptation très dispensable d’un roman de Cormac McCarthy. Western revival qui vire au mélodrame, De si jolis chevaux reprend les thèmes du roman d’apprentissage pour les noyer dans un folklore hollywoodien convenu et, faute d’un scénario valable, s’égare dans les clichés qu’il prétend éviter.
Après la vente du ranch familial par sa mère, le jeune John Grady Cole (Matt Damon), spolié de son héritage et de son avenir, part à la recherche d’une nouvelle vie au Mexique. Il passe le Rio Grande accompagné de son ami d’enfance Lacey Rawlins (Henry Thomas) et de Blevins, un ado tête brûlée qui a insisté pour les suivre. Après une chevauchée un brin longuette à travers la sierra -des tagada-tagada ad libitum nappés de violons et de guitares folk-, ils atterrissent chez un riche propriétaire mexicain qui engage Grady comme palefrenier. La fille du proprio (Penelope Cruz) ne manque évidemment pas de s’énamourer du bel inconnu. Les problèmes commencent lorsque Grady et Rawlins sont jetés en prison, complices présumés de Blevins, coupable du meurtre de trois policiers mexicains.
Bizarrement, malgré une matière assez dense, le film ne parvient jamais à s’articuler autour d’un thème ou d’un problème précis. Le scénario, particulièrement mal ficelé, ne semble suivre aucune direction, et ne donne pas le moindre point de repère. Le film tâtonne, commence une histoire, finit par une autre, et les liens tissés entre les différentes intrigues semblent très artificiels. Ces gros défauts de construction font que l’on assiste donc aux aventures de Grady dans une totale indifférence, car les épisodes du film se suivent sans autre principe dramatique que l’ajout d’événements nouveaux. L’ennui prend vite le dessus, d’autant que l’histoire d’amour n’offre rien d’affriolant et s’avère même d’une stupidité confondante. Thornton déçoit sur toute la ligne, hormis peut-être dans le domaine du casting : les acteurs parviennent à communiquer de l’émotion, et sont les seuls à retenir l’attention dans ce film décousu et raté.