Cube2 est le cauchemar de son prédécesseur, Cube, son petit cousin neuneu davantage que sa duplication ou son prolongement. Déjà le film de Vincenzo Natali (qui a eu la saine clairvoyance de ne pas remettre le couvert lui-même) avait été légèrement surestimé, bien que non dénué de qualités. En tout cas, par son concept même, il n’admettait pas l’idée d’une suite. Mais attention : Cube2 -admirez le coup de force- n’en est justement pas une. Cube2, et pas un banal « Cube 2 ». Le gain de puissance, ici, est matérialisé par une quatrième dimension introduite avec perte et fracas dans l’atmosphère blanchâtre et clinique du lego diabolique. Pour le reste, c’est le même bad trip : une petite troupe se réveille dans un dédale de cubes truffés de pièges. Personne ne connaît personne et tout le monde cherche la sortie de secours.
Hilarant et pathétique, le film multiplie les aberrations surréalistes, chevauchant une multitude de théories métaphysico-nébuleuses traversées par des épanchements cheap & gore à peine plus impressionnants qu’une tête à toto en pâte à modeler. Dans Cube2 souffle un vent de liberté mathématique qui laisse au réalisateur tout loisir de dévaler les pistes les plus détraquées (mondes parallèles, dérèglements einsteiniens des montres à quartz, agression rageuse d’un macho contre la féminine engeance, etc.). On se mange, on baise entre cadavres, et on si l’on meurt ici on pourrait bien vivre encore dans la pièce d’à-côté. C’est « l’éternité à portée des caniches » revue et corrigée à l’ère des bugs numériques.
La solution définitive de ce mic-mac barbouillé dit bien le genre de mélasse intestinale à laquelle on a affaire : il ne s’agit surtout pas de sortir par le haut, face au soleil (à la manière du THX 1138 de Lucas), mais plutôt de quitter la scène par les voies naturelles, le film prenant visiblement plaisir à soulager ses boyaux encombrés en expulsant de la matière molle à tours de bras. Concrètement, pour sortir de cette pièce montée il suffit de sauter à pieds joints dans le trou du cube et de s’y laisser glisser pour, comme le film, toucher le fond.