Les concours de beauté, que les candidats soient des jeunes femmes à la plastique parfaite ou des chiens toilettés, font les joies du cinéma depuis quelques années (voir Belles à mourir ou encore Bêtes de scène, sorti la semaine dernière). Qu’importe le contenu pourvu qu’on ait l’ivresse, ce délire de mauvais goût propre à ce type de manifestations. Coup de peigne qui met en scène un championnat national de coiffure dans une pittoresque ville du Yorkshire ne fait pas exception à la règle. Avec ses numéros de haute voltige capillaire, brushings déstructurés et teintures flamboyantes, on atteint les sommets du genre.
Surexploitée au cinéma la veine kitsch ne lasse pas : difficile de rester indifférent face à ce spectacle d’une fascinante laideur. De ce point de vu, même si c’est du déjà vu et revu, Coup de peigne accomplit sa mission à merveille. Mais le monde de la coiffure n’est malheureusement que l’écrin rococo d’un film où il s’agit avant tout de triompher de l’adversité. Sur le mode « you can do it » une famille éclatée va, grâce au concours, se retrouver de nouveau réunie. Et la savoureuse légèreté du kitsch, certes limitée, se voit alors plombée par un mélo familial ultra-prévisible. Atteinte d’un cancer incurable Shelley (Natasha Richardson) n’a qu’une envie : reformer la dream-team qui triomphait dans les compétitions dix ans auparavant. C’est loin d’être l’avis de son ex-mari, un pro du ciseau, qui n’a toujours pas digéré qu’elle l’ait quitté pour refaire sa vie avec son modèle Sandra. Heureusement, grâce au pouvoir fédérateur de la maladie, tout ce petit monde se retrouvera et gagnera une dernière fois. Entre pénible chantage aux sentiments -on n’échappe pas à l’arrachage de perruque pour révéler les ravages de la chimio- et épreuves familiales balisées -le fils hostile se rallie à la cause du stylisme capillaire- le film n’offre que du convenu.
Cette excentricité de surface fait songer à ces films anglais du type Full monty dont la maigre originalité provient de la sous-culture qu’ils exploitent (les spectacles de strip-tease dans ce dernier cas) mais dont les scenarii, au fond, sont d’une grande banalité. Un rapprochement qui n’a rien de gratuit puisque les deux films ont été écrits par le même auteur, Simon Beaufoy. Le milieu change mais l’éprouvante litanie « tu peux le faire » reste la même. Malgré des acteurs convaincants et quelques bons moments, on ne peut alors s’empêcher de sentir un arrière-goût rance dans la bouche.