Michel (Olivier Gourmet), un inventeur belge, apprend à 41 ans qu’il a été adopté. Il part à la recherche de sa famille au Québec où il finit par croiser le chemin de son frère mal luné, interprété par l’hallucinant Paul Ahmarani. Un Belge et un Québécois sont dans une voiture électrique au milieu de nulle part, qu’est-ce qui se passe ? Ils percutent une autruche. Exemple de croisement incongru que Congorama préfère au fardeau de l’enquête familiale. Réalisé par un Québécois avec des acteurs canadiens et belges, tourné dans les deux pays avec le Congo comme point de rencontre inattendu et fantasmatique, ce Congorama francophone dessine un espace de fraternisation qui se soucie peu des distances. Plus grand que la petite famille et plus léger qu’une remontée aux origines : un grand bol d’air.
Comme ses personnages d’inventeurs enfantins, Michel, le Géo Trouvetout de la tondeuse à gazon solaire, ou son père, obscur concepteur de la voiture à moteur électrique, Philippe Falardeau construit un appareil de montage perfectionné qui consiste à faire circuler des signes, à mettre en rapport des objets et des scènes. Les diamants découverts par le beau-père au Congo passent entre les mains du frère québécois pour se retrouver dans l’œil du belge et l’invention du père finit par revenir au fils perdu. Le scénario dédouble les scènes, du point de vue d’un frère puis de l’autre, et assemble les pièces du puzzle. Mais la petite machine Congorama fonctionne à la perfection justement parce qu’elle n’est pas trop bien huilée.
La fragmentation en petites scènes-gag et l’humour un peu ralenti donnent un accent traînant et enlevé. Curieux mélange et belle réussite, comme le face à face entre Olivier Gourmet, le frère lâche et mollasson, et Paul Ahmarani, renard moqueur et colérique qu’on n’est pas prêt d’oublier. Mais le film a quand même plus d’entrain dans sa partie québécoise. Le retour en Belgique sonne un peu trop sérieux et les méandres du scénario finissent par ennuyer. Petit à petit l’enquête prend le dessus à coup de rebondissements et d’explications compliquées. C’est pour son côté ouvertement bricolé et approximatif (l’inventeur est un bricoleur pas un technicien) que le film reste malgré tout drôle et touchant. On ne peut pas en vouloir à Falardeau d’être mieux inspiré sur son territoire natal.