Revoir Confession d’un enfant du siècle après Cannes 2012, où il était sélectionné dans la section « Un Certain regard », c’est refaire l’expérience pour le moins indigeste d’une soirée déguisée entre babyrockers. Le film, de fait, ne fait rien d’autre que déployer l’horizon attendu de ses promesses a priori limitées. Des beautiful people qui se tournent autour, chacun se cantonnant au registre qu’on attend de lui : Charlotte Gainsbourg en petit oiseaux frêle, Doherty en dandy atrabilaire, les deux ne jouant pas autre chose que la rencontre au sommet de deux valeurs branchées à bout de souffle.
Il suffit d’imaginer l’intérêt d’un tel film sans Pete Doherty pour comprendre à quel point celui-ci est censé le porter sur ses seules épaules. Problème : il joue comme un cochon. C’est comme si l’on misait ici sur la capacité de sublimation du regard du spectateur (ou de la groupie) pour faire briller encore un peu Doherty, pour que son aura coïncide avec celle du film, sauf que lui-même n’est plus qu’une cathédrale effondrée dont on ne trouve même plus les vestiges : égaré dans un clip trop long, il évoque un Peter Lorre joufflu, lymphatique, et coiffé comme un chien mouillé.
Ce vif intérêt de Verheyde pour son acteur star n’est que l’envers d’une paresse et d’une effarante négligence pour tout ce qui n’est pas lui : mise en scène, dialogues, figurants, tous mauvais. D’abord, le roman de Musset n’est là que pour servir de trame à l’imaginaire naïf de l’écorché vif en marcel, d’un mal du siècle contemporain que Doherty serait censé incarner. Verheyde apparaît d’abord très laborieusement attachée à la prose du livre, puisqu’elle dévie à peine de son contenu, reprenant mot à mot le monologue intérieur d’Octave, l’illustrant par des festins et des orgies d’un hédonisme gras rappelant la pub pour le jambon Aoste. Mais la fidélité s’éteint vite sous l’ambition de faire plier tout un roman, toute une langue, ainsi que tout un casting français, sous le poids de son acteur anglophone. Autre parti pris feignant, le choix de la caméra à l’épaule, qui ici prend en charge tout le potentiel destroy du film, en une sorte d’équivalent des paires de Converse ou des morceaux de New Order dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola : gentil petit décalage de bon ton, où la fosse de concert et les soirées libertines devraient ne faire plus qu’un. Un film bien paresseux, donc, qui se repose sur l’aura de son étoile morte pour lui soutirer une lumière qu’elle n’a plus, un film branché-ringard, calé pile entre les pubs the Kooples et la série Chez Maupassant.