D’un côté, trois employés joués par des acteurs peu connus (Jason Bateman, Charlie Day, Jason Sudeikis), de l’autre, trois employeurs joués par des acteurs très connus (Kevin Spacey, Jennifer Aniston, Colin Farrell). Les seconds harcèlent les premiers, qui décident de s’offrir les services d’un tueur (Jamie Foxx) pour s’en débarrasser. Le tueur, qui n’en est pas vraiment un, les arnaque et les oblige à faire le travail eux-mêmes.
L’argument politique sous-entendu par le titre maintient l’attention cinq minutes. De même que l’affrontement de casting, entre petits nouveaux et grands noms d’Hollywood (auxquels on ajoutera un Donald Sutherland de passage). Mais principalement à cause du brelan de néophytes, aussi crispants qu’insipides, et de gags bigardiens d’une nullité sans pardon, les cinq stars présentes (Spacey, Aniston, Farrell, Foxx – ces deux derniers réunis pour la première fois depuis Miami Vice, quand même – et donc Sutherland) ont plutôt l’air d’avoir été rétrogradées que de venir gracieusement accueillir la nouvelle génération. Si Foxx et Spacey s’en sortent, le talent naturel d’Aniston et de Farrell ne peut pas grand chose à la stupidité de leurs rôles (une dentiste nympho, un fils à papa malveillant et branlotin). On pense aux films les moins marquants de Donald Petrie, quand il tourne Les Grincheux ou Miss detective : même côté rayon promotions, idées fin de stock et stars en lots.
Ce qui désole aussi dans Comment tuer son boss ?, c’est sa façon d’être à la fois vulgaire et lisse, ordurier et consensuel. La mise en scène souligne chacun des détails cracra avec l’ébahissement satisfait d’un enfant en bas âge, sacrifie tout enjeu (notamment celui du rire) à ces mini-spectacles dont il est si fier, comme si ce déballage se suffisait à lui-même. Ce vent mauvais souffle aussi sur le langage : constamment traitée de « salope », la nympho est exclusivement perçue comme telle, du début à la fin. C’est dire à quoi tient, pour Seth Gordon, un personnage de cinéma. Pensant peut-être que plus c’est direct plus c’est subversif, le cinéaste parodie les techniques publicitaires, opte pour le sketch, le slogan et l’archétype (le tagline de l’affiche, « psycho, nympho, blaireau », se réalise dans le film, au sens propre : image fixe de chacun des trois boss, avec insultes en caractères énormes). Plus le film va loin, moins il frappe fort : c’est à ce genre de paradoxe qu’on distingue les vrais Farrelly de leurs sous-marques.