Suite des aventures du trio girl power (cf. Charlie et ses drôles de dames) mais l’indispensable Bill Murray, hélas, a quitté le navire. Pour le reste, rien n’a changé : toute puissance du look et de la pose fashion, variation de garde-robes et déhanchements MTV. On n’est jamais loin, dans Charlie’s angels, du grand foutoir inconséquent, de la bousculade de jour de soldes, de la dissipation et -tant mieux- de l’indiscipline. Pas du second degré ou de l’ironie, non, mais du rire ouvert, du geste de garce, de l’oeillade en veux-tu en voilà ; le tout sur l’écran, pas ailleurs, le film se fout complètement de son spectateur, même s’il sait lui faire plaisir -par détours, in extremis, comme si il l’avait aperçu de justesse. Et c’est ça qui est beau, à la limite. Il faut voir les trois agents secrets, complètement déconcentrées, hilares, très gamines, écouter d’une oreille lointaine Charlie leur exposer les faits, la mission qui s’annonce, l’enjeu des prochaines journées. On essaie de rester sérieux -il y a eu des morts- mais personne n’y croit. Un scénario surgit et hop, on le prend au vol, ça plutôt qu’autre chose, c’est comme une troupe de vacancières qui cherche une activité, quelque chose à se mettre sous la dent très vite. En attendant, on danse (une mini chorégraphie improvisée sur MC Hammer, puisqu’il y a de la musique, autant danser).
Le scénario : quelqu’un a dérobé des bagues en forme de pièces de moteur sur lesquelles figure la liste des témoins, protégés par le gouvernement, qui ont permis d’arrêter des grands criminels. Tous les méchants rêvent de s’offrir cette liste vengeresse, et elle sera bientôt mise aux enchères. Qu’importe, ce qui compte c’est le glamour bordélique à l’oeuvre ici, le transformisme de cabaret usé jusqu’à la saturation ou la lassitude ou le plaisir de l’oeil, au choix (qu’importe, mais c’est bien aussi, ça : faire tenir dans une totoche un secret d’état, la vie d’anciens témoins gênants qui ne se doutent de rien et dont l’existence va être vendue au plus offrant). C’est vrai qu’on fait n’importe quoi : Cameron Diaz aide une vache à vêler dans un court insert farrellien, tombe dans la cuvette des toilettes messieurs et puis d’autres choses encore. C’est vrai qu’on s’ennuie un peu, aussi, à la vision du film, qu’il suffit de voir les photos du film en écoutant MTV pour percevoir l’essentiel. Il n’y a rien de prodigieux de la part de McG, et quand après une dizaine de bagarres karaté le sang coule un peu sur le corps de Cameron Diaz (le point central du trio, la moins concernée par ce qui se passe, la plus lointaine mais aussi la plus proche du coeur de l’action, la plus maladroite et désorganisée aussi, avec son visage en pâte à modeler), on lui en voudrait presque de s’y attarder. C’est davantage le bustier qui est déchiré -scandale- que la chair qui est abîmée. Eternelle puissance du glamour, même bradé comme ici, même balancé par terre (le bêtisier final, le mauvais goût barbouillé), même réduit à tout ça.