Apprécié, à l’époque, pour son exotisme, Charme et poussière est un drame relatant les rapports sociaux entre les Indiens et les colons anglais des années 20 à nos jours (en fait le début des années 80, date de tournage du film).
Anne (Julie Christie), journaliste anglaise, est attirée par le destin de sa tante Olivia Rivers (Greta Scacchi) qui vécut aux Indes et trompa son mari en devenant la maîtresse du Nabab. Elle part en Inde sur les traces de sa tante dont la personnalité influencera son comportement.
La reconstitution de l’Inde sous la dépendance anglaise est soignée et réussie, les rapports entre passé et présent également : ils se combinent sans artifices et évitent de nous faire perdre le fil de l’histoire. Cependant, l’atmosphère est pesante, d’une part parce que la durée du film (2h10) est trop longue et d’autre part parce que son parti pris est de se plonger dans un univers précis en sacrifiant générosité des décors naturels et générosité technique de la profondeur de champ. Cet univers précis est celui de la confrontation entre moeurs indiennes et anglaises concernant les femmes, le mariage, l’avortement et la vie en société en 1920 comme en 1980. La profondeur de champ est presque inexistante pour un film qui aurait pu nous dépayser dans le temps et dans l’espace. La caméra colle trop à la réalité, aussi rigide et stricte que la société qu’elle filme et de ce fait emprisonne le spectateur au lieu d’élargir son champ de vision pour mieux ressentir l’atmosphère de l’époque.
Les acteurs sont convaincants mais prisonniers de la rigueur du film. Ils ne réussissent pas néanmoins à en dégager une certaine vie. Le monde indien n’est plus exotique, il est étouffant. Seules Greta Scacchi et Julie Christie apportent respectivement, un peu de fraîcheur et un soupçon d’érotisme grâce à sa sensualité inaltérable ; de l’humanité et de la compassion. L’une révèle sa beauté physique irrésistible, l’autre sa beauté intérieure qui n’a rien à envier aux sages hindous. Toutefois, comme le personnage joué par Greta Scacchi, nous recherchons de l’exotisme, de l’innattendu. L’idée de la nièce qui reproduit à sa manière les actes de sa tante -son antithèse- reste l’aspect du film le plus fascinant.
De même que les civilisations indiennes et anglaises s’opposent, les deux actrices deviennent les symboles de ce choc entre deux cultures qui n’appartiennent ni à la même situation géographique ni à la même époque. Le film n’a d’intérêt, finalement, que si l’on s’attache à la reconstitution soignée et à la sobriété technique et narratrice des retours dans le passé et dans le présent. L’attrait de James Ivory pour les civilisations lointaines est évident, mais nous l’a-t-il communiqué ? C’est à chacun de nous d’y répondre.