Du quintuple portrait de femmes de Ce que je sais d’elle…, on retient deux ou trois choses. A Hollywood, le film choral, multiplication des personnages et des intrigues, est devenu depuis quelques années un genre en soi. Si Rodrigo Garcia opte pour cette structure kaléidoscopique, son premier film se distingue légèrement des opus de ses meilleurs (R. Altman) et plus récents (P.T Anderson avec Magnolia) représentants. Entre un casting surnuméraire à la Altman et la dérive moralisatrice de P. T. Anderson le réalisateur choisit une voie médiane ; une distribution somme toute assez réduite et, surtout, il s’abstient de juger les comportements de ses personnages. A travers cinq histoires, reliées entre elles par de minces fils narratifs, le film a pour ambition de radiographier de la manière la plus juste la solitude féminine.
Un peu moins aseptisé, un peu moins prude que la plupart des productions hollywoodiennes, Ce que je sais d’elle… montre cependant très rapidement ses limites ; celles d’un cinéma indépendant qui a de fortes tendances à l’embourgeoisement. D’un cinéma qui se pense adulte et responsable et fait donc preuve de quelques maigres et vaines audaces : on y fume des cigarettes, on s’y embrasse entre femmes, on y voit même un avortement. Malgré cela, le film est timoré d’un point de vue formel. Entièrement au service de ses actrices, Ce que je sais d’elle… n’existe que grâce aux performances de ses interprètes qui, d’ailleurs au regard du casting, ne s’y sont pas trompées. Il est rare qu’une première œuvre bénéficie d’une telle brochette de stars (Cameron Diaz, Glenn Close, Holly Hunter, Ally-Calista Flockhart- McBeal, etc.). Et si, dans l’ensemble, celles-ci se montrent tout à fait convaincantes, le film se réduit au plat enchaînement de leurs névroses (recherche désespérée de l’âme sœur, peur de l’enfantement, angoisse de l’abandon…). A de rares moments, R. Garcia parvient à faire affleurer une certaine émotion et, le plus souvent, on a l’impression d’assister à une ennuyeuse psychothérapie de groupe entre bourgeoises de Los Angeles venues s’encanailler à bon compte.