Carrie 2 aurait pu, n’aurait dû être, qu’un petit film d’horreur pour ados à la recette éculée. Un produit de consommation rapide, à durée de vie limitée, parfois prolongée par une soirée « pack » vidéo où, entre amis, on engloutit trois ou quatre nanars d’affilée avec un certain plaisir coupable. Un film parmi tant d’autres, qui ne fasse pas bouger l’histoire du septième art d’un iota, et dont on peut se contenter, parfois, les jours de grande fringale. Mais voilà, la réalisatrice fait preuve « d’ambition » et se place directement sous la parenté du film de Brian De Palma. Extraits de Carrie (1976), présence d’Amy Irving, une de ses interprètes principales (heureusement elle meurt à la fin, elle n’aura donc pas à subir un « Carrie 3 »), retour sur les lieux de l’incendie final, l’ensemble du film s’identifie à celui de De Palma, clame haut et fort sa filiation.
Difficile alors de ne pas évaluer Carrie 2 à l’aune du premier, et autant le dire tout de suite, le film souffre cruellement de la comparaison. Chaque référence résonne dans notre mémoire et fait descendre le film un échelon plus bas sur le baromètre de la nullité. Pire, ses efforts désespérés et pathétiques pour se raccrocher au film originel ne font que souligner l’incompréhension totale de la réalisatrice pour le film de De Palma. Katt Shea n’en retient que les signes extérieurs, les oripeaux, et transforme un chef-d’œuvre en vulgaire série B légèrement gore. Car Carrie, sous ses dehors de film de genre, menait une véritable réflexion sur le corps, la peur de son propre corps, de la maternité. Sissy Spacek, au physique presque androgyne, convenait parfaitement au rôle, son aspect frêle et diaphane représentant l’intériorité corporelle tant redoutée. Or ici, sa demi-sœur Rachel Lang (Emily Bergl), eh oui, il faut bien expliquer ses pouvoirs surnaturels d’une manière ou d’une autre, est une petite brune boulotte, une espèce de hardeuse marginale, particulièrement vulgaire. Le summum est atteint lorsqu’elle s’embarque dans une romance cucul avec un footballeur de son lycée. On a alors droit à une scène de cul dont la ringardise est difficilement égalable : feu de cheminée, ralentis, tout y est. Le reste du film n’est qu’un décalque plus ou moins grossier du précédent, ou plutôt de l’idée que la réalisatrice s’en fait. Certaines parentés sont lourdes à porter et lorsqu’on s’en montre indigne mieux vaut aller chercher ailleurs et viser un peu moins haut.