Après avoir travaillé chez Hanna-Barbera, aux studios Disney et avec Tim Burton, pour les décors de L’Etrange Noël de M. Jack, Deane Taylor pouvait légitimement se lancer dans la réalisation d’un premier long métrage. Seulement, au-delà de la technique, le réalisateur américain s’est permis de soutirer plusieurs idées à ses anciens collaborateurs afin de construire un film totalement impersonnel…
Sans pour autant rentrer dans une analyse minutieuse, n’importe quel spectateur pourra constater en regardant Carnivale que ce dessin animé n’est qu’un piètre assemblage d’éléments recyclés, un bout à bout de petits plagiats maladroitement camouflés… Au niveau du trait, ça ne fait aucun doute, nous avons ici affaire à un petit mélange burtonien. Carnivale se situe exactement entre l’esthétique de L’Etrange Noël… et celle de l’adaptation animée du film Beetlejuice. Des petites poupées démoniaques, aux décors enfantins et inquiétants, en passant par les êtres difformes aux couleurs délavées, tout y est… Sauf la petite touche de génie, rendant le tout assez crédible pour construire un univers digne de ce nom. Car contrairement à Tim Burton, Deane Taylor semble penser que de simples et belles images suffisent pour rendre un décor vivant, ce qui rend donc l’univers pseudo fantastique de son long métrage d’une platitude à toute épreuve… On retrouve aussi dans Carnivale plusieurs personnages faisant naître chez le spectateur une nette impression de déjà vu. Citons par exemple la guide à deux têtes, une créature « volée » à Tim Burton ; Emilie, une petite fille de treize ans qui rappelle étrangement le personnage principal de Beetlejuice ; ou encore l’ouvreur du parc, que l’on croirait directement sorti d’Alice au pays des merveilles…
Pour son scénario, le réalisateur n’est pas non plus allé chercher bien loin. Carnivale est en fait une reprise -étirée sur une heure vingt- de la séquence du parc d’attraction du Walt Disney Pinocchio. Ici, les enfants sont enfermés dans une fête foraine et doivent à tout prix en sortir, afin d’éviter une irrévocable transformation en chevaux de bois… Deux ou trois variations de-ci de-là ont sûrement dû permettre à Taylor d’éviter un éventuel procès de la part de ses anciens patrons, mais son film reste tout de même la meilleure preuve de son opportunisme…