Bon voilà, Dubosc retrouve sa crevette gonflable, ses voisins de caravane et sa solitude pathétique de chômeur dijonnais. Gérard Lanvin brouillé avec Francky (pour de vrai), Richard Anconina enfile le maillot du touriste échoué presque par hasard au camping. Changement poste pour poste un poil déficient, puisque l’acteur de la Vérité si je mens flotte dans son maillot de partenaire consterné. Camping 2 lui a néanmoins réservé une petite variante : il est « coincé », donc plaqué par sa copine, d’où sa présence surprise aux côtés du Dubosc, sparadrap anti-mauvaise humeur, mi-gourou, mi-bouc émissaire.
On a bien compris le message de Fabien Onteniente, répété à longueur de film : « détends-toi » spectateur, et sur le mode France profonde, please. Bonjour les symboles : Anconina étant programmé comme personnage identifiant, on le fait partir de Clermont-Ferrand, berceau des Gaulois (on a même droit à la statue de Vercingétorix à l’image), pour sillonner les petites routes de campagne avec les Gipsy King à fond les manettes – véridique. « Détends-toi » vaut aussi pour le cinéaste lui-même. Dans Camping 1 ou Disco, Fab créait un décor, dessinait une sociologie, ici il se contente de revisiter ses vieux plateaux, de refaire tout pareil. A l’image de Brasseur et de sa femme, campant depuis cinquante ans sous le même arbre, chacun doit retrouver à sa place, sa fonction et son temps de parole exact (Seigner-Dulery confrontés aux mêmes problèmes de couple). Plus qu’une suite, un remake, façon Psycho de GVS, où le spectateur et le vacancier s’adonnent aux mêmes rites de l’identique et des retrouvailles.
Bien vu, mais il aurait fallu se fouler davantage. Il y avait sûrement matière d’ailleurs, comme en témoigne la réussite du premier Camping, plus travaillé et malin que son plaisir de la caricature ne laissait voir. Sauf que là, non, ça ne prend pas. La mise en scène confond coolitude et glande, et l’ensemble de s’échouer comme un vieux cachalot. Hormis quelques soubresauts de nouveaux enjeux – accoupler Dubosc plus sérieusement qu’à l’accoutumée, rivalité avec Anconina -, rien ne s’installe durablement. Si, la conversion de Richard en super beauf, lequel obéit plus tôt que prévu à l’injonction de régression rigolarde, proférée par la France entière, de Clermont aux Flots Bleus. Pas le choix de toute façon, se racheter un maillot ou jouer au karaoké est la seule pitance prévue au programme, succession infernale d’activités touristiques, systématiquement plombées par l’aigreur et la dépression. Premiers touchés, les acteurs, démotivés, tous mauvais. Même Dubosc, autrefois roitelet génial en tong, aujourd’hui mauvais sosie fatigué de lui-même. Ne reste alors qu’à tourner patiemment les serviettes, entre deux virées chez les nudistes et une soirée paella, jusqu’à l’extinction des feux. Le film lève d’ailleurs le camp avec Patrick Chirac, qui part une semaine avant tout le monde. « A cause de la crise », dit-il. On le soupçonnerait presque de ne plus pouvoir le saquer, son satané camping.