Après avoir raconté dans Mauvaises fréquentations les tribulations de deux collégiennes qui pratiquaient des fellations à la chaîne pour payer un voyage en Jamaïque à leurs petits copains, Jean-Pierre Améris aborde avec C’est la vie un sujet nettement plus austère. Adapté du roman de Marie de Hennezel, La Mort intime, le film suit les derniers jours de Dimitri (J.Dutronc), un homme rongé par le cancer, dans un centre où sont accueillies des personnes pour qui la médecine ne peut plus rien. Là, il y rencontre Suzanne (S.Bonnaire) une jolie bénévole avec qui il va vivre une tendre passion. Evidemment, de par sa douloureuse thématique, le film de Jean-Pierre Améris ne peut laisser de marbre et l’on est bien obligé de verser sa petite larme lorsque l’heure du dernier souffle sonne pour Dimitri. D’autant plus que Jacques Dutronc avec son physique de dandy décati n’a pas trop de mal à nous faire croire à la maladie de son personnage. C’est la vie sent donc le mélo à plein nez avec prise en otage du spectateur de rigueur. Pourtant, ce n’est pas cet aspect là qui gêne le plus mais bien plutôt le manque d’ambition de la mise en scène.
Calibré selon une esthétique télévisuelle, le film aurait pu faire les beaux jours d’une soirée thématique juste avant un Ca se discute où l’on évoquerait l’accompagnement à la mort des grands malades. Rien ne vient en effet justifier le format cinéma d’un film qui ne prend aucun risque et dont la réalisation de proximité donne tout cuit au spectateur ce qu’il a envie de voir, sans que ce dernier ne soit jamais bousculé dans ses petites habitudes de consommation. C’est la vie alterne ainsi de manière prévisible des moments de comédie bon enfant sensés nous montrer que, malgré tout, la bonne humeur règne dans le centre, et climax tragiques avec les malaises ponctuels du héros ou les morts progressives des pensionnaires. Bien pire, Jean-Pierre Améris semble ignorer le sens du mot « suggérer » et nous livre un récit au sein duquel la moindre émotion est surlignée afin d’être visible pour tous. On a alors du mal à se passionner pour un film qui ne laisse aucune liberté de réaction à son public réduit à la plus morne passivité.