Après avoir filmé Anna Thomson se promenant près des ruines du World Trade Center dans Une Gloire amère, documentaire réalisé au lendemain de la catastrophe du 11 septembre et diffusé sur Arte il y a quelques mois, Amos Kollek retrouve son actrice fétiche pour la cinquième fois avec cette énième chronique new-yorkaise. Moins réussi que Sue perdue dans Manhattan, pire que le déjà très mauvais Queenie in love, Bridget ressemble à un produit dérivé du cinéma de Kollek qui n’en fini plus de perdre de sa spontanéité pour ne ressembler qu’à un vain et maladroit exercice de style. Avec ce nouvel opus, Amok Kollek tente une incursion de très mauvais goût dans le mélo. Soit Bridget, gentille jeune femme à qui la vie ne fait pas de cadeaux et c’est un euphémisme… Veuve et séparée de son fils depuis dix ans suite à l’assassinat de son mari, Bridget n’a plus qu’un seul but dans la vie, récupérer la garde de son rejeton. Tous les moyens seront bons pour y parvenir : accepter un job de caissière de supermarché, dealer de la coke au Moyen-Orient, faire la gogo girl, épouser un trisomique…
Comme d’habitude, le physique mutant d’Anna Thomson est la vraie vedette du film. Amos Kollek semble en être conscient et ne se prive pas pour filmer son héroïne sous toutes les coutures et sous tous les angles avec une prédilection pour les cadrages malséants. Du coup, l’alchimie ne prend pas et l’étrangeté de ce corps sans âge, ciselé à grands coups de chirurgie esthétique, effraie plus qu’il ne nous fascine. Il y a quelque part beaucoup de masochisme de la part d’Anna Thomson à laisser Kollek la filmer avec un tel soin pervers. Tel un oiseau en cage, la comédienne semble constamment se débattre contre le ridicule dans ce grand foutoir, nanar prétentieux et verbeux. Le ton et l’humour décalé de Kollek ne font ici plus illusion ; la médiocrité de la mise en scène de l’auteur n’en ressort alors que plus ouvertement.