A Dublin, Brendan, jeune prof d’histoire, s’ennuie ferme. Et ce n’est pas la chorale dans laquelle il chante des hymnes latins ou sa famille étouffante qui vont l’aider à pimenter sa vie. En cinéphile averti, Brendan trouve refuge dans l’obscurité des salles de cinéma où il peut enfin rêver à un destin plus mouvementé. Un soir, il rencontre Trudy, une jeune femme mystérieuse qui va bouleverser le cours de son existence.
Le scénario de Roddy Doyle (qui a signé auparavant quelques jolis succès : The Van, The Snapper et The Commitments) laissait promettre le meilleur. Sur le thème, certes pas très original, de l’amour qui réunit deux êtres que tout oppose, le genre offre de belles surprises quand le scénario est malin et les dialogues enlevés. Hélas, la comédie romantique cède ici rapidement la place à un film plat et insipide qui multiplie les références cinématographiques mais n’arrive qu’à enchaîner les clichés. Les personnages se débattent alors dans la caricature et deviennent presque agaçants à force d’être noyés sous des rebondissements aberrants. Brendan (sur-joué par Peter McDonald) est forcément un type coincé qui porte des costumes tristes et des cheveux qui ressemblent à sa vie : très bien alignés et plaqués avec du gel pour que surtout, rien ne dépasse. Son métier ne le passionne guère. D’ailleurs, pour nous le prouver, le réalisateur multiplie les plans où Brendan laisse vagabonder son regard par la fenêtre. Ainsi plongé dans ses rêveries, il n’a de cesse de confondre les prénoms de ses élèves. Et le spectateur de constater le vrai danger du comique de répétition raté ; il devient chaque fois un peu plus insupportable.
Quant à Trudy (Flora Montgomery), jeune femme sortie de nulle part sur laquelle plane un mystère bien peu excitant, elle se révèle être une aventurière dont la rébellion consiste à cambrioler quelques villas et autres entrepôts de chaussures. Le film se veut un hommage aux comédies américaines (Billy Wilder en tête), aux westerns et à la Nouvelle Vague. L’idée aurait été bonne si elle avait été mieux exploitée. Au lieu de ça, la même affiche (A bout de souffle) est systématiquement placardée sur les murs (manque de budget ou tout simplement d’idées ?) et l’hommage prend la forme d’une courte parodie du film de Godard, pourtant l’une des scènes les plus réussies. Mais il est déjà trop tard.