Sur ce Braquage à l’italienne, l’exécutant F. Gary Gray (Négociateur, Un Homme à part) plaque le cahier des charges d’Ocean’s eleven avec du scotch déménageur, tirant sans talent ni malice les ficelles cinématographiques de Steven Soderbergh : même volonté de styliser un produit sympathique des années 60 / 70 (ici, c’est L’Or se barre avec Michael Caine et Benny Hill qu’on remake), où danse une petite ronde de vedettes. Si l’indéniable manque d’inspiration des scènes de casse où de présentation des personnages révèle cruellement l’absence d’une quelconque originalité, c’est surtout le casting et la manière dont Gray l’appréhende, qui mettent en exergue ses limites de styliste sympathique.
Ainsi, Mark Walhberg, souvent faire-valoir habituel de George Clooney, endosse le costard du chef de bande charismatique. Escorté par une sous-couche de l’actorat d’Hollywood, de Jason Statham, le sosie de Bruce Willis, à Seth Green, l’insipide fils de Dr Evil dans Austin Powers, il va se venger du minable Steve Frezelli, qu’interprète Edward Norton, acteur pourtant « A » qui descend ici d’une lettre pour s’aligner sur ses collègues. Une telle brochette bis pourrait donner un résultat sympathique, sauf que Gray nie ce postulat et continue de mener tambour battant son histoire archi-conventionnelle de braqueurs balaises. Du coup, le film prend des allures de produit jetable d’un je-m’en-foutisme absolu et méprisable : un casse ambitieux en chasse un autre ; de Venise, on passe à Philadelphie et Los Angeles (un plan panoramique de gratte-ciel avec vue sur pont suspendu, toujours), le tout saupoudré mécaniquement de vannes balourdes.
Devant cette indigence érigée en système, Braquage à l’italienne ne s’avère utile qu’en tant que vaste film d’entreprise involontaire. Gray y effectue un petit inventaire des derniers ingrédients à la mode du film d’action. Outre la méthode Ocean’s eleven, il note l’intérêt immodéré des voitures customisées (syndrome Fast and furious), n’oublie pas les nanas couillues et sexy de Charlie’s angels et remarque la surabondance de villes européennes comme décorum de course-poursuites, dont le fameux Paris-Genève de la Mémoire dans la peau dont il fauche également la Mini Cooper… D’où la conclusion suivante : soit F. Gary Gray se fout du genre, soit il est ignare et maladroitement opportuniste.