Quand les comédies françaises se font lifter, ça sent le roussi. Road movie ado et ras les pâquerettes, Bon plan se veut le portrait potache d’une génération tournée vers le voyage et l’abolition des frontières. Pour preuve ses cinq héros, qui, armés de leurs vingt ans (et des poussières pour certains), décident de partir ensemble à la conquête des paysages européens, d’Amsterdam à Milos, en passant par Bologne. Si, au départ, le programme s’annonce très strict (du genre quinze trains à prendre en trois semaines), les péripéties vécues par le groupe vont forcément chambouler leurs prévisions… et leur existence. Au cœur de ce chaos nourri de découvertes et de sensations nouvelles, monsieur Thierry Lhermitte fera office de grand gourou bronzé, pratiquant l’aïkido et la philosophie sous le soleil de la Grèce…
Il est désolant de voir à quel point un film s’attachant à la jeunesse contemporaine s’avère incapable d’en restituer le moindre mouvement, la moindre vérité. Certes, nous sommes dans le registre de la comédie populaire, avec ce que ça entraîne comme caricatures, clichés et raccourcis. Et pourtant, le souvenir de quelques opus signés Pascal Thomas (Pleure pas la bouche pleine) ou, plus récemment, Agnès Obadia et Jean-Julien Chervier (Du poil sous les roses), nous confirme que légèreté et justesse pubères peuvent cohabiter avec succès. Mais qu’il s’agisse ici d’une petite allumeuse, d’un pédé refoulé, ou d’une complexée agressive, les personnages de Bon plan ne vivent que dans une imagerie formatée, prête à engendrer les gags faciles qui lui sont relatifs. Devant l’antipathie que suscitent ces ados un peu cons, on serait presque tenté de réévaluer Claude Zidi et ses Sous-doués, qui, eux au moins, faisaient preuve d’une indéniable imagination (même débile) au sein de leurs effets comiques. Manque aussi à Jérôme Lévy le savoir-faire des auteurs américains de teenage movie, cette sorte d’aisance dans le grossier qui permet souvent de faire passer les pires banalités sociologiques. Les seins et le talent de Ludivine Sagnier, appréciés dans Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, méritaient infiniment mieux que ce mauvais plan de cinéma.