De Claude Duty, on se souvient du médiocre Filles perdues, cheveux gras, comédie musicale insipide et sans tenue d’il y a deux ans. Avec ce Bienvenue au gîte, rien de nouveau à l’horizon : une comédie riquiqui ne reposant que sur le charisme formaté de ses interprètes principaux (Philippe Harel en mari cool et tristounet, Marina Foïs en working girl énergique et névrosée). A partir d’un canevas bien maigre (un couple de parisiens stressés décide de s’installer à la campagne en reprenant le gîte d’une amie), Duty fait ce qu’il sait faire sans le moindre effort visible : un film de vieux dissimulé sous une esthétique lisse et faussement « in the mood ».
Si Bienvenue au gîte se laisse traverser par quelques savoureux instants de comédie (soit un comique de situation reposant exclusivement sur l’opposition de caractères et de milieux divergeants), il n’exploite que très faiblement son vrai sujet : la dépression d’une cadre dynamique emportant dans le sillage de son délire tout un village d’énergumènes grossièrement ébauchés (les babas cool, l’actrice porno, les homos du gîte concurrent, sans parler des autochtones du coin). Pour exploiter la potentialité burlesque, voire inquiétante, d’une telle idée, encore aurait-il fallu assumer le regard qui l’engendre : son parisianisme et sa fermeture constitutifs, une ironie de bas étage et un dandysme revendiqué qui n’apparaissent à aucun moment dans le film.
Duty préfère à l’abrasive portée de son mauvais esprit (et mauvais goût parfois très sympathique) une sorte d’atmosphère pseudo-bon enfant dont tout le monde, sans exception, réchappe. A chercher dans ce folklore rural une sorte de solution miracle hypocrite (l’un reste, l’autre repart, mais tout le monde s’aime), Bienvenue au gîte laisse Marina Foïs, seule à jouer ce jeu d’une extrémité grinçante -elle semble littéralement possédée par ce rôle d’hystérique suractive et pressurisée-, dans un traquenard absolu. Justice lui sera à coup sûr très vite rendue, mais une autre fois.