Après dix années passées en prison, Martin se retrouve dans le Berlin des années 90, sans que ce citoyen de l’ex-RDA ait pu vivre la chute du mur et la réunification. Il cherche à reprendre contact ave sa femme, qui a refait sa vie avec un autre homme, et son fils qu’il n’a jamais vu. Mais il s’aperçoit bientôt que son retour dans un monde qui ne l’attend plus n’a rien de facile. Ce titre, Berlin is in Germany sonne après la vision du film comme une fausse évidence, le premier repère d’une conscience à la dérive : Martin ne reconnaît plus sa ville, devenue pour lui un no man’s land affectif. Après avoir tué involontairement un homme qui avait découvert son matériel l’aidant à franchir le mur, sa peine de prison a fait de lui le citoyen d’un pays qui n’existe plus.
Hannes Stör a choisi pour son premier film d’exploiter plus avant le sujet d’un court métrage, inspiré d’un fait réel. Pour montrer les évolutions rapides et même brutales de l’Allemagne contemporaine, il a voulu un héros marginal, privé de l’histoire collective que partage son peuple. La force du film est de rester constamment à hauteur de son personnage (joué par Jorg Schuttauf, acteur subtil et touchant derrière un physique épais), poussé à bout par les circonstances. Entre mélancolie et amertume, Hannes Stör trouve un ton personnel et juste pour raconter son histoire. L’errance de Martin, ponctuée de rencontre insolite -comme la strip-teaseuse d’un sex-shop tenu par un ancien copain de cellule- tourne bientôt au cauchemar, lorsqu’il réalise qu’il n’a plus sa place nulle part. C’est alors que Berlin is in Germany quitte sa délicate trame émotionnelle, pour suivre un scénario un peu trop classique, cherchant à tout prix à créer des événements. Une certaine artificialité gagne le film, qui tâtonne et s’essouffle, et les personnages sont entraînés dans la redite. Reste une belle et honorable tentative pour faire un cinéma capable d’un discours politique, tout en restant humain et charnel.