Avec la rentrée, fêtons le retour des héros positifs. Voici Poppy, qui aurait pu tout aussi bien s’appeler Youplaboum. Elle est maîtresse d’école à Londres, reine de la positive attitude, genre qui croque la vie à pleines dents, rigole tout le temps, s’amuse d’un rien, dit bonjour au chien de son voisin quand elle sort de chez elle, dit au revoir à son petit vélo quand elle s’aperçoit qu’on le lui a volé. Ce petit paquet d’énergie rose bonbon sait bien que la vie est dure, elle a peut-être vu les autres films de Mike Leigh, cinéaste qui s’est souvent attaché à montrer la face la plus sombre de la réalité britannique, allant fouiller dans les plis les plus sordides de la question sociale dans Naked, All or nothing ou Vera Drake. Mais bon, Poppy, elle, a la pêche. Une grosse patate. Une sacrée banane. Au point qu’il n’est pas interdit d’imaginer que certains puissent concevoir, en cours de projection, au 64e éclat de rire de Poppy Youplaboum, de lui coller une paire de claques pour la calmer un peu. Ce n’est qu’une hypothèse, consolidée par le fait que la miss est un peu soûlante à faire sa fifille fofolle à tous bouts de champs. L’autre hypothèse consiste à prendre son parti, parce qu’après tout elle a bien raison, au fond, de prendre la vie comme elle la prend. Et puis elle est comme ça, voilà tout. Son instructeur d’auto-école, qui s’avèrera être un gros facho brutal et dégénéré, semble avoir choisi la première hypothèse. Mais au fond, il est séduit par cette fille qui est tout l’inverse de lui, colorée quand il est dark, souriante et détendu quand il est agressif et stressé. Même le nazillon est séduit : à Poppy, personne ne résiste. Poppy est i-rré-sis-tible. Sur près de deux heures de métrage, c’est foutrement long.
Mike Leigh surprend avec ce film gentil, très gentil, sans doute un peu trop, lui qui, donc, a plutôt donné dans le drame bien sinistre comme il faut. Mais, constante, le cinéaste n’a fait tous ses films (y compris celui-là) que pour relever l’espère d’héroïsme propre aux classes populaires. Be happy (youpi tralala) est le versant naïf et gentil de cette entreprise, un film très anodin, pas forcément déplaisant quoi qu’un peu stagnant, un peu insistant, un peu lourd.