Un petit OVNI. Impossible d’accorder plus d’importance à Autoroute racer, produit d’action teuton qui frise paresseusement le néant absolu. Michael Keusch, technicien fourre-tout qui a notamment fait l’ouvrier manutentionnaire avec quelques gros budgets américains, ne revendique rien. Si l’Allemagne n’a aucun passif en matière de cinéma d’action, lui s’en tamponne le coquillard. Sa vision se résume à Fast and furious, 60 seconde chronos et Taxi, trois étalons de dernières minutes à quoi son film s’accroche tout du long. Au programme : des djeun’s fous du volant, de la bagnole customisée qui fait vroum-vroum et un humour grassouillet avec flics bas du képi, Karaté Leader Price et gags régressifs. Sûrement le côté européen du projet.
L’histoire est à l’avenant : du pompage intégral si décomplexé et une créativité au point mort, l’ensemble est complètement dénué d’aigreur. C’est donc l’histoire d’un jeune flic maladroit qui, pour arrêter un gang de voleurs de voitures de sport, s’infiltre dans une troupe de joyeux chauffards. Quand ils ne foncent pas dans leurs bolides trafiqués, ils écoutent de la techno et boivent de la bière sans alcool à la cafet’ de l’autoroute. Comme les stickers Panini, ils ont tous un signe de reconnaissance : voiture, coiffure, super-pouvoirs (la vieille BM de l’un a des boutons cracheurs de feu) et petites faiblesses (le plus jeune n’a pas le permis). Et ce gros malin de Michael Keusch de jouer avec eux comme un grand gamin fait mumuse avec ses petites voitures. Tout est permis, des grosses blagues aux parades nuptiales des bimbos, en passant par les cascades à la Bebel ou les troisièmes rôles à deux euros.
Seulement voilà, cette joyeuse anarchie se limite à une simple régression gloubiboulga. Autoroute racer a beau rigoler de tout et surtout de lui-même, il n’en fait absolument rien. Du coup, Michael Keutsch se prend platement les pieds à son propre piège, à la manière d’un Maurice Barthélemy, prisonnier de son petit schéma simplet où l’absence d’enjeu est érigée en système. Résultat, c’est affreusement long malgré l’action à gogo, incroyablement flottant malgré le montage MTV, jamais attachant tant les personnages en restent scrupuleusement à leur facial lissé d’AB Production. En fait, Michael Keusch n’a pas un seul micron de faiseur dans son organisme. Et pendant ce temps là, le terrain de jeu du cinéma d’action allemand est toujours aussi vierge…