Avec Mariées mais pas trop de Catherine Corsini, Après la pluie, le beau temps forme le duo Biba détraqué de cette semaine. On a dit, ici même, combien il convenait de s’inquiéter de l’émergence soudaine d’un sous-genre de comédies consacrées à l’envers névrotique et dérégulé du personnage féminin (on récapitule : Du côté des filles de Françoise Decaux, Toutes les filles sont folles de Pascale Pouzadoux, plus les deux étoiles de cette semaine). Ici, pas de véritable névrose masquée par l’échappée belle vers un monde radieux où les filles ont le pouvoir et les hommes sont des marionnettes, mais plutôt le pétage de plombs en règle d’un petit univers préfabriqué où la femme, le cul palpé par tous et en toutes circonstances, est ballottée d’une scène à l’autre comme un sac de noeuds.
Rose Bonbon, chanteuse nunuche limite demeurée, rencontre Dubel, impresario minable et mégalo, qui décide d’en faire une star. Mais avant la première de son spectacle (prévue à la salle des fêtes de Tremblay-en-France), il faut trouver un remplaçant au pianiste, mort au cours de la première répétition. D’où course contre la montre et folle équipée du duo, accompagné par le petit copain de Rose, débile mental fan de Rambo, qui ne perd aucune occasion pour infliger à tout le monde ses pathétiques imitations de Stallone. Il y a chez Rose Bonbon, personnage proche des martyres à la noix de chez Lars von Trier, un goût pour l’abandon sans révolte au sort assigné par la fiction (une forme de maltraitance permanente qui abîme son petit cœur d’oiseau fragile) qui l’a rend d’emblée tête à claques. Le ridicule de l’affaire -assumé ou non, ça reste du ridicule- est rehaussé par une réalisation toute en décrochages et en hoquets d’une laideur peu courante (vulgarité définitive du moindre plan, convulsions maladives du montage). De cette abrutie cavalcade il n’y a rien à sauver, sinon quelques enseignements : le balourd Clovis Cornillac -également à l’affiche du Corsini où il se montre tout aussi gonflant dans le même emploi de second rôle comique raté- s’avère être l’acteur central de cette constellation gynéco-hormonale bien envahissante ces temps-ci, et dont le film de Nathalie Schmidt est peut-être l’étoile la plus régressive.