Antitrust : un film contre les entreprises monopolistiques, les dérives capitalistes et les génies qui refusent de partager leur culture numérique. Car, comme ne cessent de le clamer Peter Howitt et son scénariste, « le savoir appartient à tous ». Evidemment, la note d’intention revêt peu d’importance au vu de cette efficace série B moins soucieuse de son militantisme bon teint que de son rythme ou ses retournements de situation. Et on ne s’en plaindra pas, étant donné notre peu d’intérêt pour les guéguerres entre gentils hackers et dangereux PDG toujours plus avides de pouvoir.
Surtout quand Ryan Phillippe est de la partie. Jeune comédien déjà promis au statut d’icône sexuelle, Ryan est le centre névralgique d’Antitrust, son atout maître, sa raison d’être. Perdu au milieu des câbles électriques et des équations mystérieuses, plongé dans des systèmes qui nous dépassent, la révélation de Souviens-toi l’été dernier et Studio 54 fait preuve une nouvelle fois de son immense talent bien que son personnage soit moyennement crédible (quand on voit la tronche de Bill Gates, difficile d’imaginer une telle bombe en prodige de l’informatique). En lutte contre les forces du Mal (alias Tim Robbins), Ryan incarne LE héros américain (courage, justice, passion) avec une rare conviction, pur malgré la gangrène qui le menace, seul face aux faux-semblants, aux lâches et aux hypocrites. Antidote idéal contre l’arrivisme moderne, visage et corps lisses en butte à la corruption ambiante, l’acteur serait seulement irritant s’il ne dégageait au-delà de ça une incroyable aura érotique, entraînant le spectateur fasciné vers une sphère fantasmatique propre aux grandes stars hollywoodiennes. A moins qu’il ne s’agisse d’une fixation de bas étage, un pauvre rêve inavouable dans lequel Ryan serait une vedette de chez Falcon (must du porno pédé), violenté par une horde de programmeurs cradingues s’acharnant à pratiquer le joli cul de leur victime. Hélas, Antitrust n’a rien de X et se contente de quelques flirts sympathiques entre notre idole et ses dames (les impeccables Claire Forlani et Rachael Leigh Cook), ce qui n’empêche en rien le film de tenir ses promesses extra-baise (l’action et le supense sont au rendez-vous). De là à écrire qu’on en attendait davantage…